Domomédecine

PICADo : des objets connectés pour maintenir le patient à domicile

Un projet de recherche français vise à diminuer les hospitalisations des patients atteints de maladies chroniques en utilisant divers objets connectés.

  • Par la rédaction
  • Mel Evans/AP/SIPA
  • 28 Mar 2016
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     Dossier réalisé en partenariat
    avec 
    Science&Santé
    le magazine de l'

     

    Les progrès technologiques et le développement des TIC (technologies de l'information et de la communication) dans le domaine de la santé doivent, à terme, permettre de surveiller les patients à distance, afin d'évoluer vers une médecine plus préventive, moins coûteuse et personnalisée. C'est dans ce cadre que s'inscrit la domomédecine (du latin domus, la maison), un concept né de la collaboration de chercheurs de l'Inserm et de l'Académie des technologies qui conduit des travaux relatifs à l’interaction des technologies avec la société. L'idée est ainsi de concevoir un système de soin multipathologies et multifacteurs, centré sur le patient atteint d'affections chroniques, permettant de le maintenir dans son environnement, autonome et responsable de sa santé.

    Capteurs multiparamètres

    Dans ce cadre, le projet PICADo (Pilote pour le changement d’ampleur de la domomédecine) fait figure de pionnier et fournit la première preuve de concept de la domomédecine. L’idée est d’équiper les patients souffrant de multipathologies de divers objets connectés afin de suivre leurs paramètres physiologiques au cours du temps : un capteur multiparamètres, porté au niveau du thorax, mesure et télétransmet la température corporelle, la position et l’activité ; une balance connectée renseigne le poids quotidiennement tandis qu’une tablette recueille et télétransmet quotidiennement les réponses du patient à un questionnaire sur ces symptômes et sa qualité de vie. De plus, pour les patients souffrant de troubles cognitifs, un bracelet fournit des informations de géolocalisation ou sur d’éventuelles chutes, etc. « L’objectif de ce projet est d’anticiper les altérations de l’état de santé, afin de minimiser les hospitalisations imprévues », explique Francis Lévi, professeur de biomédecine et de cancérologie à l’université de Warwick (Royaume-Uni) et à l’initiative du concept de domomédecine et du projet PICADo.

    Les données sont stockées sur un serveur sécurisé auquel plusieurs professionnels de santé peuvent accéder afin de contrôler l’évolution des paramètres recueillis et les interventions réalisées. Ainsi, par exemple, si la température corporelle atteint une valeur critique, le corps médical – en l’occurrence une infirmière ou le médecin de garde – est immédiatement alerté et prend en charge la personne.

    Personnaliser l'administration des chimiothérapies

    Une étude clinique, dont le promoteur est l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), devrait commencer courant 2016 sur 60 patients, suivis chacun pendant 2 à 4 mois. Mais Francis Lévi veut aller encore plus loin. Car ces mesures physiologiques ont aussi pour but de savoir à quel moment il convient de délivrer les médicaments de chimiothérapie chez un patient donné. Le médecin-chercheur est en effet le fondateur de la chrono-chimiothérapie, méthode permettant d’accroître l’efficacité des médicaments en les administrant à certains moments du rythme circadien, qui diffère d’une personne à l’autre. Les rythmes physiologiques mesurés devraient donc permettre de connaître le moment optimum pour l’administration des médicaments « et ainsi introduire de l’intelligence dans le système d’administration », s’enthousiasme-t-il. Pour cela, Francis Lévi travaille avec ses collègues mathématiciens à la mise au point « d’algorithmes permettant cette administration chronoprogrammée personnalisée ». Dans 5 à 10 ans, espère-t-il, les patients pourront ainsi être traités de façon optimale en fonction de leurs propres rythmes biologiques et en toute autonomie, chez eux.

     

    Bruno Scala
    Science&Santé, le magazine de l'Inserm

     

     

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    JDF