Lutte anti-vectorielle

Zika : comment La Réunion se prépare à l'arrivée du virus

Fortement mobilisée contre la dengue et le chikungunya, La Réunion se prépare à faire face à Zika. Elle renforce ces dispositifs de lutte contre le moustique Aedes.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • FACELLY/SIPA
  • 18 Mar 2016
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    Au début du mois de mars, La Réunion a recensé un premier cas importé de Zika chez un voyageur de retour de la Martinique, où sévit actuellement une épidémie sans précédent. Un cas prévisible au vu des échanges nombreux et réguliers entre les Antilles et cette île de l’Océan Indien.

    La présence d’un patient infecté par le Zika représente une vraie menace sur ce territoire du fait de l’omniprésence du moustique Aedes albopictus. Cet insecte vecteur est bien connu des Réunionnais. En 2006, il a provoqué une grave épidémie de chikungnya : plus d’un tiers de la population a été infecté.

    « Tout le monde se souvient de cette épidémie, souligne Hélène Thébault, responsable du service de lutte anti-vectorielle de La Réunion à l'Agence régionale de santé Océan Indien (ARS OI). La population craint qu’elle se répète avec le virus Zika.  Elle est inquiète, notamment à cause des images des enfants atteints de microcéphalie ».


    En alerte permanente

    Depuis, La Réunion est en alerte permanente. L’île a mis en place de nombreux dispositifs pour faire face à Zika. « Nous sommes actuellement en train de les adapter, mais étant donné que les modalités de transmission sont les mêmes, notre plan est pleinement opérationnel », indique Hélène Thébault. Ce dernier est piloté par l'ARS OI et repose sur 140 agents mobilisés tout au long de l’année sur l’ensemble du territoire.

    Dès qu’un cas suspect est signalé par les professionnels de santé, ils sont immédiatement déployés. « Nous intervenons dans les 24 à 48 heures auprès des cas déclarés afin de leur dispenser des informations de prévention comme la protection contre les moustiques pour enrayer la transmission du virus. Nous éliminons les lieux de pontes des moustiques, et nous réalisons un traitement insecticide autour de la maison pour tuer les moustiques qui ont pu s’infecter en piquant les malades », décrit Hélène Thébault. Ces mesures de lutte sont ensuite reproduites dans un rayon de 100 mètres autour de la maison qui représente le périmètre d’action du moustique. Les agents vont alors à la rencontre des voisins du malade. 

    A l'aéroport, des affiches en direction des voyageurs ont été installées. Elles sont là pour les informer des risques liés à Zika et de la conduite à tenir s'ils vont ou reviennent de zones touchées par l'épidémie. ARS Océan Indien. 


    Une course contre la montre

    Ces actions ponctuelles sont complétées par des mesures appliquées tout au long de l’année. Pour inciter les Réunionnais à participer activement à la lutte contre cet insecte nuisible, les agents effectuent du porte-à-porte. « Chaque année, nous visitons environ 50 000 foyers. Nous essayons de changer de quartier tous les ans afin de couvrir tout le territoire ». 

    Toutefois, les ravages provoqués par Zika nécessitent d’adapter les plans d’action. « Nous sommes fortement mobilisés pour préparer la réponse sanitaire en cas d’épidémie. Nous nous préparons à la prise en charge des cas graves et des suivis de grossesse », explique Hélène Thébault.

    La responsable de la lutte anti-vectorielle est confiante, mais elle rappelle que toutes ces mesures sont efficaces sur les premiers cas. Il est donc crucial que les personnes ayant séjourné dans des zones à risques ou présentant des symptômes de la fièvre Zika, en particulier une éruption cutanée, consultent un médecin. « Il faut qu’on soit très vite alerté pour intervenir le plus vite possible et enrayer la propagation contre l’épidémie », insiste-t-elle. Une course contre la montre qui se joue en 14 jours, le délai d'incubation du virus dans le moustique. 

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    JDF