Risque cardiaque

Les dangers du Taser seraient sous-estimés

Alors que le Taser est utilisé dans le monde entier par les forces de police, les dangers liés à son usage sont peu documentés. Ils seraient largement sous-estimés. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • POL EMILE/SIPA
  • 18 Nov 2015
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    « Les appareils à impulsion "intelligents" sont plus sûrs que jamais », « Taser existe pour sauver des vies ». Sur son site internet, le fabriquant français du fameux pistolet électrique avance même un chiffre : plus de 140 000 vies sauvées. Certes. Mais combien de personnes sont mortes après avoir reçu une décharge électrique ? Le fabriquant ne le dit pas.

    Depuis 2001 aux Etats-Unis, plus de 500 personnes sont décédées après l'usage du Taser lors d’une arrestation ou en détention, selon un rapport d’Amnesty International. Pour plus de 60 personnes, les médecins légistes ont imputé la responsabilité à la décharge électrique qui atteint les 50 000 volts. En France, officiellement 3 hommes sont décédés après avoir reçu une décharge. Néanmoins, la justice française et américaine ne reconnaîssent pas l’emploi du Taser comme responsable.

    Reconnu responsable en Grande-Bretagne

    En Grande-Bretagne, des juges ont pour la première fois incriminé ce pistolet électrique, en juillet dernier, comme le rappelle Owen Dyer, dans un article publié ce mercredi dans le British Medical Journal. « Jordon Begley, ouvrier de 23 ans, est mort d’une crise cardiaque deux heures après que la police du Greater Manchester a utilisé le Taser », écrit le journaliste canadien. Pour les enquêteurs britanniques, la décharge électrique pendant 9 secondes aurait été fatale.

    Pourtant sur son site internet, la firme française présente encore son produit comme non mortel. Elle indique même que leur technologie « protège les cibles ». Sur quoi se fondent ces affirmations ? En grande partie sur des études financées par le fabriquant lui-même, relève Owen Dyer qui questionne la neutralité des résultats. En outre, ces travaux sont réalisés auprès de volontaires en bonne santé ne présentant aucun trouble cardiaque ou problèmes d’addiction à l’alcool ou de drogue.

    De nombreux dangers peu documentés

    « La principale inquiétude concernait le risque potentiel d’induire une arythmie cardiaque durable. Taser a observé pour la première fois cet effet en 2011 lors des tests des prototypes de la nouvelle génération qui devait remplacer le X26. L’arme a été repensée et l’effet a disparu lors des tests suivants », raconte-t-il. Et de poursuivre : « Mais le comité scientifique du ministère de la défense britannique a alors souligné “qu’il serait plus prudent d’assumer qu’un effet similaire pourrait être provoqué par le X26“. »

    De fait, les risques liés à l’usage du Taser sont multiples et très peu documentés. Le risque d’arythmie confirmé par une étude sur 8 cas, s’ajouterait donc à la longue liste des dangers : blessures au yeux, crise tonico-clonique (spasmes musculaires violents) chez les personnes en bonne santé, crises d’épilepsie, pneumothorax, brûlures et blessures articulaires. « Le plus dangereux est le risque de blessure à la tête provoquée par une chute, qui a entraîné plusieurs décès.

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    JDF