Baisers, caresses, masturbation

Maladies cardiaques : adapter ses pratiques sexuelles en fonction de ses symptômes

Le coït n'est pas toujours indiqué, mais l'acte sexuel n'est pas proscrit. Des chercheurs brésiliens ont élaboré un "arbre" des gestes permis selon la gravité de la maladie cardiaque.

  • Par Julie Levallois
  • SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
  • 06 Nov 2015
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    S’embrasser, se toucher, engager une relation sexuelle sont autant de gestes simples qui peuvent sembler insurmontables pour un patient atteint d’une maladie cardiaque. D’ailleurs, le sujet est souvent tabou en consultation. Pour répondre aux angoisses des patients et à la gêne des praticiens, une équipe de l’université de Rio de Janeiro (Brésil) a mis au point une échelle des gestes permis selon le niveau de gravité de la maladie. Ils publient dans le Canadian Journal of Cardiology une revue de la littérature pour appuyer leurs propos.

    Chez les patients cardiaques, les mythes à propos de l’activité sexuelle sont nombreux. Un terme existe même pour désigner la crainte des stimuli de cet ordre : l’anxiété cardiaque. Et pourtant, les dangers sont assez peu nombreux lorsque la maladie est stabilisée. « Le risque de décès pendant l’acte sexuel est très faible pour la plupart des patients stables, et de manière intéressante, encore plus faible pour les femmes », souligne Ricardo Stein, co-auteur de la publication. Une conclusion d’autant plus importante que, pour de nombreux patients, le retour à la vie sexuelle constitue une amélioration majeure de la qualité de vie.

    Une marche rapide dans la rue

    L’échelle mise au point par l’équipe brésilienne envisage un retour progressif, un peu comme pour l’activité physique. Baptisée KiTOMI, elle commence de manière anodine et se prolonge de manière naturelle : baisers (Ki, pour kiss), caresses (T, pour touch), sexe oral (O), masturbation (M) et enfin, pénétration vaginale ou anale (I). Et dans l’immense majorité des cas, les patients peuvent se permettre au moins une des formes d’activité.

    « Pour les patients dont la maladie est la plus mal contrôlée, l’option KiT (embrasser et caresser, ndlr) est la plus adaptée dans un premier temps, avec une évolution progressive vers les autres activités », illustre Claudio Gil Araújo. Pour dédramatiser l’acte sexuel, ce chercheur compare l’orgasme à une simple marche rapide dans la rue. C’est justement cet aspect anodin qui doit pousser à une levée des tabous.

    En revanche, tous les patients ne pourront pas bénéficier d’une prise en charge de la dysfonction érectile, soulignent les auteurs. Seuls ceux « à faible risque » sont éligibles, c’est-à-dire ceux dont les symptômes sont contrôlés.

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    JDF