Voté par les deux chambres du Parlement

Les Anglais comptent interdire le tabac au volant en présence d'enfants

Les députés anglais se sont prononcés pour une interdiction de fumer dans les véhicules où se trouvent des enfants. En voiture, les toxines de la fumée sont 11 fois plus concentrées que dans un bar.  

  • Par Julien Prioux
  • ED JONES / AFP
Mots-clés :
  • 11 Fév 2014
  • A A

    Après le fameux : « boire ou conduire, il faut choisir », les Britanniques devront à présent faire une nouvelle concession. Celle de renoncer à la cigarette lorsqu'ils prennent la voiture en présence d'enfants. Les députés d'outre-Manche se sont en effet prononcés ce lundi en faveur de cette mesure, lors d'un vote qui constitue une première étape vers son adoption définitive. La proposition de loi présentée par l'opposition travailliste (Labour Party) a en plus été adoptée à une large majorité (376 votes favorables, contre 107) par la Chambre des Communes, qui a ainsi emboîté le pas à la Chambre des Lords (chambre haute du Parlement).
    A présent, ce vote donne le pouvoir au gouvernement conservateur, sans toutefois le contraindre, de modifier la loi pour imposer une telle interdiction. A n'en pas douter, la lettre parue récemment dans le British Medical Journal (BMJ), dans laquelle des centaines de professionnels de santé demandaient aux députés britanniques de voter cette interdiction, a pesé de tout son poids dans ce débat.  

    Les toxines de fumée 11 fois plus concentrées en voiture que dans un bar
    « L’exposition passive à la fumée du tabac est une cause majeure de morbidité chez les enfants », expliquaient ces experts dans cette lettre ouverte. L’inhalation de fumée provoque des dommages au niveau du développement des poumons, et les médecins du Royal College estiment que chaque année au Royaume-Uni, elle est responsable de 300 000 consultations chez le généraliste, 9500 admissions à l'hôpital, au moins 200 cas de méningite bactérienne et pour finir au moins 40 morts subites du nourrisson. »
    Mais pour ces experts, fumer dans une voiture en présence d’enfants serait particulièrement nocif pour ces derniers. Coordonnées par le Dr Nicholas Hopkinson, président du groupe sur les maladies pulmonaires obstructives chroniques à la British Thoracic Society, les signataires rappellaient différentes données de santé publique. Tout d’abord dans une voiture, même avec les fenêtres ouvertes, la fumée peut rester plus de 2h et demi dans l’air ambiant. Mais ce n’est pas tout, ces spécialistes rappellaient également, que lorsque l’on fume dans un véhicule, cela crée une plus forte concentration de toxines que dans un bar. Certaines études ont montré que cette concentration pouvait être jusqu’à 11 fois plus élevée.

    Enfin, selon une étude présentée en 2012 par l'Université d'Aberdeen (Ecosse), fumer en voiture entraîne un taux de pollution par les particules fines trois fois supérieur au taux maximum préconisé par l'OMS pour la qualité de l'air intérieur.

    Des tentatives avortées en France 
    En France, Yannick Vaugrenard, sénateur socialiste de Loire-Atlantique, proposait en mars 2013 d’interdire la cigarette au volant en présence d’enfants. Il souhaitait faire passer cette disposition dans la loi sur la consommation. En vain.
    « Votre proposition se heurte au caractère privé d'une voiture », lui avait répondu en mars dernier Marisol Touraine, la ministre de la Santé, lors d'une séance plénière au Sénat. Ce à quoi Yannick Vaugrenard avait rétorqué: « La protection de l’enfance ne s’arrête pas à la porte du domicile de chacun d’entre nous. » Pour montrer qu'il n'était pas seul dans sa croisade, le sénateur avait aussi publié à cette occasion une étude des législations comparées, consultable sur le site du Sénat.
    Car dans l'attente d'une adoption définitive de la loi en Grande-Bretagne, des lois similaires existent toutefois déjà dans le monde. C'est le cas au Canada, aux Etats-Unis, en Australie, à Chypre et en Afrique du Sud.

    Enfin, ces mesures de restriction contre le tabac ont également un autre effet. Celui de faire baisser la consommation. A New-York par exemple, toutes les mesures de restriction de l’usage du tabac adoptées ont donné des résultats spectaculaires : le taux de fumeurs des habitants de la grosse pomme est passé de 21,5 % en 2002 à 14,8 % en 2011. Seul bémol, depuis 2007, le pourcentage des jeunes fumeurs new-yorkais reste inchangé, à 8,5 %.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF