Rapport de la Drees

Précarité : seule une femme sur 10 s'estime en bonne santé

Parmi les sans-abri, ce sont les femmes de plus de 60 ans qui paient le plus lourd tribut sanitaire. Moins de 10 % d’entre elles s’estiment en « bonne santé ».

  • Par Julien Prioux
  • BAZIZ CHIBANE/SIPA
  • 07 Sep 2015
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    Après avoir étudié la prise en charge médicale des sans-abri, la Drees (1) leur a donné la parole. Et ces derniers ont confié leur grand désespoir. Les 3 698 personnes sans domicile fixe interrogées se déclarent en effet moins fréquemment en bonne santé que l’ensemble de la population, alors qu'il s'agit souvent de personnes jeunes.
    Selon cette étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publiée ce lundi, seule la moitié des SDF se considère ainsi en « bonne » ou en « très bonne » santé, contre 69 % dans la population générale. Et dans ce tableau noir de l'extrême pauvreté, ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut.

    Les femmes SDF âgées première victimes 

    Les femmes de 60-75 ans qui n'ont pas de logement fixe sont les plus concernées par les problèmes de santé. Moins de 10 % d’entre elles s’estiment en « bonne santé », contre près de la moitié des femmes de cette tranche d’âge dans l’ensemble de la population (47 %).

    Pour l'expliquer, les statisticiens de la Drees évoquent « le vieillissement précoce » et « une plus mauvaise santé » chez les femmes sans-abri, mais aussi « des parcours de vie différents entre les hommes et les femmes sans domicile ».
    En effet, à âge identique, les femmes ont plus d’ancienneté dans l’hébergement provisoire que les hommes.
    C'est surtout le cas à partir de 60 ans, âge auquel 77 % des femmes déclarent fréquenter depuis au moins deux ans les services d’hébergement provisoire, contre seulement 26 % des hommes. Une habitude de la rue qui pèse visiblement plus sur le moral des femmes que sur celui des hommes.

    En effet, la faible part des femmes de 60 ans ou plus s’estimant en « bonne santé » peut aussi s’expliquer par un rapport à la santé marqué par le genre, écrivent les auteurs. « Les hommes se sentent, en général, moins concernés par les questions de santé, en particulier lorsqu’ils sont en situation de précarité », expliquent-ils. Ces derniers sont, par exemple, moins enclins à reconnaître une souffrance psychique.

    Source : Drees 

    Problèmes dentaires, tabac, dépression...

    Pourtant, eux aussi rencontrent de graves problèmes de santé. Par exemple, 34 % des sans domicile fixe (hommes et femmes confondus) indiquent être en partie ou totalement édentés et 20 % déclarent être obèses, soit dans les deux cas une prévalence supérieure d’un tiers par rapport à la population générale. 

    Enfin, près d’un quart des sans domicile estiment être en dépression. Parmi les facteurs liés à la dépression figurent une surdéclaration d’événements graves vécus pendant l’enfance, mais aussi des comportements à risque tels qu’une consommation intensive d’alcool ou de tabac.

    En 2012 en France métropolitaine, 141 500 personnes sont considérées comme sans domicile fixe.

     

    (1) Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques

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    JDF