Congrès ESC 2015

Café, sieste, boissons gazeuses : leurs effets sur l'hypertension artérielle

Prendre le temps de vivre semble être la solution pour une meilleure santé cardiovasculaire. Les adeptes de la sieste et ceux qui évitent le café souffrent moins d'hypertension.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Julien de Fontenay /JDD/SIPA
  • 01 Sep 2015
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    Une sieste à midi, de l’eau plate et pas trop de café : voilà un cocktail qui devrait protéger les artères et le cœur. Il n’y a pas que l’activité physique qui influence le risque de maladie cardiovasculaire : les habitudes alimentaires et le sommeil aussi. Et le simple fait de consommer trop de boissons gazeuses exposerait aux arrêts cardiaques. C’est une des associations mises en évidence et présentées au congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui se tient à Londres (Royaume-Uni) du 29 août au 2 septembre.

    Les boissons gazeuses sont associées de manière positive et significative aux arrêts cardiaques qui surviennent en dehors de l’hôpital. Les premières conclusions, tirées du registre All-Japan Utstein Registry, qui porte sur 800 000 patients japonais, ont été présentées par le cardiologue Keijiro Saku. La moitié des arrêts cardiaques recensés avaient une origine cardiaque. S’ils sont liés à la consommation de boissons gazeuses, ce n’est pas le cas pour les arrêts d’origine non-cardiaque (tumeurs, maladies respiratoires…). Pour le Pr Saku, la conclusion est simple : « Les boissons consommées peuvent avoir un impact sur les maladies cardiovasculaires mortelles. L’acidité des boissons gazeuses peut jouer un rôle important dans cette association. »

    Le café avec modération

    Le cœur n’est pas le seul à pâtir des mauvais comportements alimentaires. Les artères sont également touchées par une boisson régulièrement promue pour ses vertus sur le cerveau : le café. D’après une étude menée en Italie sur 1 200 adultes (18-45 ans) atteints d’hypertension modérée et non traitée, 4 tasses de ce breuvage sont susceptibles d’aggraver l’hypertension… et de favoriser un prédiabète (1).

    Les plus gros buveurs de café (4 tasses/jour ou plus) voient la probabilité augmenter de 100 % sur une période de 12 ans. Mais tous ne sont pas exposés au même risque : les patients possédant le gène CYP1A2, qui ralentit l’assimilation de la caféine, possèdent le plus haut risque. « Les personnes qui métabolisent lentement le café ont une exposition plus longue aux effets néfastes de la caféine avec un impact notamment sur le métabolisme du glucose, explique Lucio Mos, co-auteur de l’étude. Le risque est encore plus élevé si elles sont en surpoids ou obèses, et si elles consomment beaucoup de café. L’effet du café sur le prédiabète dépend donc de la consommation quotidienne et du contexte génétique. »

    Les vertus de la sieste

    Pour soigner ses artères, mieux vaut prendre le temps de se détendre et se reposer. Une étude menée en Grèce, à l’hôpital général Asklepion Voula d’Athènes, prêche dans ce sens. Les patients qui prennent le temps de faire une sieste vers midi parviennent à réduire leur hypertension et à prendre moins de médicaments.

    386 patients atteints d’hypertension artérielle ont pris part à cette étude. Parmi eux, les adeptes de la sieste ont une pression artérielle sur 24 heures réduite de 5 % (6 mm de mercure). L’effet est particulièrement marqué au cours des périodes de sommeil. Leurs artères sont également plus souples : la vitesse d’onde de pouls (marqueur de la rigidité artérielle) diminue de 11 % grâce à la sieste.

    « Ces résultats suggèrent que les adeptes de la sieste de midi ont des artères et un cœur moins endommagés par l’hypertension artérielle, conclut le Dr Manolis Kallistratos. La sieste est une habitude qui est presque un privilège aujourd’hui, à cause du rythme de travail 9 heures 17 heures. Mais la vraie question est : est-ce seulement une habitude ou est-ce également bénéfique ? » Si l’on en croit les récents travaux, la réponse semble être la seconde. Sur ce plan au moins, l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill a montré l’exemple.

    (1) Prédiabète : Ce terme est utilisé lorsqu’une personne présente plusieurs facteurs de risque de diabète, comme une glycémie trop élevée, un taux élevé d’insuline dans le sang, un cholestérol, une hypertension, ou de la graisse abdominale.

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    JDF