Fœtus in fetu

Une femme de 45 ans retrouve son jumeau dans son ovaire

Une femme s’est fait retirer de son ovaire le fœtus « fossilisé » de son jumeau. Un cas clinique rarissime que l’on désigne sous le nom de « fœtus in fetu ».

  • Par Marion Guérin
  • SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
  • 20 Aoû 2015
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    Jenny Kavanagh a eu très peur, lorsque son médecin lui a annoncé la présence d’une masse de dix centimètres dans son ovaire gauche. Immédiatement, elle a pensé au cancer. Son gynécologue a tenté de la rassurer, avec ces mots qu’on dit aux patients inquiets il doit s’agir d’un kyste, il faut faire quelques examens, c’est probablement anodin. Il était en fait très loin du compte.

    Un fœtus doté d’une dent et de longs cheveux

    Le journal The Telegraph se fait l’écho d’un cas clinique extrêmement rare, et tout autant fascinant – d’un point de vue médical. Après s’être assurés que la masse constatée n’était pas liée à un cancer, les chirurgiens de l’hôpital de Chypre décident d’opérer cette mère de famille londonienne de 45 ans, expatriée sur l’île. Ils craignent alors que le kyste ne se détache, mettant en danger la vie de la patiente.

    L’opération dure trois heures, au terme de laquelle ils extraient, avec stupeur, non pas un kyste, mais un fœtus « fossilisé », doté d’un visage, d’un œil, d’une dent et d’une longue chevelure brune, semblable à celle de Jenny Kavanagh. En fait, il s’agit là de son jumeau, qui, pendant 45 ans, s’est développé à l’intérieur d’elle.

    Une centaine de cas en deux siècles

    De fait, au cours de la gestation de jumeaux, il arrive que l’un des deux fœtus migre à l’intérieur de l’autre. Cette anomalie, appelée « fœtus in fetu », a été décrite pour la première fois par l’anatomiste allemand Johann Friedrich Meckel à la fin du 18e siècle. Depuis, une centaine de cas ont été rapportés dans la littérature. En général, les deux fœtus meurent avant la naissance, mais, si ce n'est pas le cas, il arrive que le fœtus « parasite » reste à l’intérieur de son hôte pendant des années.

    Le fœtus in fetu se distingue du tératome par sa composition, bien que pendant longtemps, le premier ait été considéré comme une déclinaison du second. Le tératome est une tumeur bégnine constituée de cellules « pluripotentes », sorte d’héritage de la période embryonnaire où ce type de cellules est destiné à devenir des tissus (os, cheveu, muscle…).

    Le fœtus in fetu, lui, présente déjà une organisation telle que l’on peut y observer des vertèbres, des membres ou encore des tissus organiques (dents, ongles, cheveux...). Il se nourrit de son environnement (en l’occurrence, un ovaire), mais, bien sûr, il n’a ni cœur battant, ni sang circulant.


    Source : Journal of Indian Association of Pediatric Surgeons, Janv-Mars 2008 

    Pour Jenny Kavanagh, la nouvelle a été difficile à encaisser, notamment parce que le fœtus était particulièrement développé. A son réveil, les chirurgiens lui ont montré une photo de la masse extraite. « Je me suis sentie triste quand je l’ai vu, parce qu’il a presque la taille et le poids d’un bébé. Le fait qu’il ait des longs cheveux comme moi (…) a renforcé cette impression. Mais je me dis qu’il m’aurait très probablement tuée si on ne me l’avait pas retiré ». A tout moment, le fœtus risquait en effet de se décrocher.

    Pour la mère de Jenny, ce fut aussi un choc. « Elle a vu ce fœtus comme son bébé à elle, qui ne serait jamais né. Comme mon jumeau qui n’a jamais vu le jour ». 

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    JDF