Non-invasif et peu coûteux

Cancer du pancréas : dépister tôt grâce à un test urinaire

Des chercheurs britanniques ont découvert que trois protéines présentes dans l’urine permettraient le dépistage précoce de la forme la plus fréquente du cancer du pancréas.

  • DURAND FLORENCE/SIPA
  • 04 Aoû 2015
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    Détecter les cancers à des stades peu avancés est un enjeu majeur pour améliorer la prise en charge des malades. Pour de nombreux cancers, le diagnostic précoce augmente considérablement les chances de survie. C’est notamment le cas du cancer du pancréas qui est souvent détecté de manière tardive, lorsqu’il s’est déjà propagé à d’autres organes. Mais la découverte d’une équipe de chercheurs britanniques fait naître l’espoir. Dans une étude publiée ce lundi dans Clinical Cancer Research, ils indiquent qu’une combinaison de trois protéines retrouvées en concentrations importantes dans l’urine pourrait servir de marqueur précoce de la forme la plus fréquente du cancer, l'adénocarcinome canalaire pancréatique.

    « Nous avons toujours voulu développer un test diagnostique à partir d’échantillons d’urine, car il a de nombreux avantages par rapport aux tests sanguins. L'urine est un liquide inerte et bien moins complexe que le sang, qui peut être testé de façon répétée et non-invasive, explique le Dr Tatjana Crnogorac-Jurcevic, auteur principal de l’étude. Il a fallu un certain temps pour obtenir une preuve de principe découverte en 2008, mais cela valait la peine d’attendre. Ceci est un panel de biomarqueurs avec une bonne spécificité et sensibilité et nous espérons qu’un test simple, abordable, sera développé et utilisé en clinique dans les années à venir. »

    Une précision de plus de 90 %

    Pour mettre au point leur test, les chercheurs de l’université Queen Mary de Londres et du Barts Cancer Institute ont étudié 192 échantillons d’urine de patients atteints d’un cancer, 92 issus de malades souffrant d’une pancréatite chronique et 87 individus sains. Ils ont par ailleurs utilisé 117 échantillons issus de patients atteints d’un cancer du foie ou de la vessie afin de vérifier la spécificité de leur test.

    A partir de l’analyse de ces échantillons, les scientifiques ont sélectionné 3 protéines parmi les 1 500 retrouvées dans les échantillons. Ces trois molécules sont retrouvées en concentrations très importantes chez les malades atteints d’un cancer du pancréas alors qu'elles sont quasiment absentes chez les patients sains. Ces dernières sont également présentes en concentrations bien moindres chez les volontaires atteints de la pathologie chronique. La présence combinée et en fortes concentrations de ces protéines permettrait de diagnostiquer les patients atteints d’un cancer du pancréas avec une précision de plus de 90 %.

    L’équipe espère maintenant conduire des essais chez des personnes à risque élevé de développer un cancer du pancréas, telles que les personnes ayant des antécédents familiaux, les gros fumeurs, les obèses, les hommes et femmes de plus de 50 ans. Le Dr Tatjana Crnogorac-Jurcevic souhaite aussi pouvoir suivre des volontaires pendant 5 ou 10 ans pour savoir si ces trois protéines sont présentes avant même que les tumeurs apparaissent. Si tel est le cas, les taux de survie pour les patients pourraient atteindre 20 %, voire 60 % pour les tumeurs les plus petites.

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    JDF