En Europe

IRM : la France mauvaise élève des délais d'attente

Les délais d'attente pour une IRM, essentielle dans la détection et le suivi des cancers, stagnent toujours autour d'un mois au niveau national. Et les inégalités régionales se creusent.

  • Par Julien Prioux
  • Jeff Mcintosh/AP/SIPA
  • 24 Jun 2015
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    Quand l’imagerie par résonance magnétique (IRM) s’apparente à un parcours du combattant. Les délais d'attente pour cet examen, essentiel notamment dans la détection et le suivi des cancers, stagnent toujours autour d'un mois au niveau national.
    Selon une enquête (1) publiée ce mercredi par l'association Imagerie Santé Avenir (ISA), qui représente l'industrie de l'imagerie, cette année, le délai d'attente moyen est de 30,3 jours. C’est comme en 2012-2013.
    Le résultat 2015 apparaît cependant moins mauvais que celui de 2014 (37,7 jours), la pire année depuis onze ans.

     

    Loin des objectifs du Plan Cancer

    Mais malgré cette légère amélioration, beaucoup d’experts s’accordent pour dire qu’on reste loin des objectifs du Plan cancer 2014-2019 qui fixe ce délai moyen à 20 jours. Ce plan était pourtant moins ambitieux que le précédent Plan Cancer, qui avait fixé la limite à 15 jours, et à 10 jours dans les régions à risque élevé de mortalité par cancers.
    Et justement, d’une région à l’autre, les écarts subsistent et se creusent. Une seule, l'Ile-de-France, voit ses délais baisser au-dessous de 20 jours pour obtenir un rendez-vous.
    En revanche, les délais sont en hausse en région Poitou-Charentes, passant de 28,6 jours en 2013 à 38,9 jours en 2015. Même constat en Bretagne, où ils sont passés en deux ans de 24,2 à 57,1 jours. Pire encore, l'Alsace, qui, comme la Bretagne, fait partie des régions les plus touchées par le cancer, a également vu ses délais augmenter avec plus de 61 jours d'attente en moyenne.

     

    Les Pays de la Loire oubliés

    Au final, cinq régions concentrent à elles seules la moitié des nouvelles installations déployées en 2014 (Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, PACA, Midi-Pyrénées, Ile-de-France). 
    À l'inverse, dans la même période, il n'y a eu aucun effort d'équipement dans quatre régions (Auvergne, Centre, Franche-Comté et Languedoc-Roussillon), selon le rapport. Les Pays de la Loire stagnent, avec le taux d'équipement le plus faible de France (8,1 IRM par million d'habitants) et un délai d'attente de 55,8 jours.

     

    La France, mauvaise élève en Europe

    Avec ces chiffres, la France reste donc à la traîne par rapport à la moyenne européenne, avec seulement 11,9 appareils par million d'habitants contre 20 en moyenne en Europe, selon les derniers chiffres connus (2014). Un retard qui existe depuis des années, rappelle l'association ISA.

    Plutôt que d'agir par à-coups et insuffisamment, « il faudrait que l'effort soit continu avec un objectif à 5 ans, par exemple pour atteindre 17-18 machines par million d'habitants et que l'on s'y tienne », estime le Pr Jean-Yves Gauvrit, spécialiste de l'imagerie des urgences en neuroradiologie (CHU Rennes) contacté par l'Agence France Presse (AFP).

    (1) L'enquête, réalisée tous les ans depuis 2003, a testé les réponses à une demande d'examen lombaire « en urgence » par IRM dans le cadre d'une recherche d'extension de cancer.

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    JDF