Etude de l'Inserm

Cancer du pancréas : une molécule diminue la chimiorésistance

Des chercheurs de l'Inserm testent actuellement une molécule qui, associée au traitement classique de chimiothérapie, pourrait améliorer la sensibilité des cellules cancéreuses au traitement du cancer du pancréas. 

  • Par Léa Drouelle
  • BONY/SIPA
  • 23 Mai 2015
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    Rendre le cancer du pancréas plus vulnérable grâce à une molécule thérapeutique qui renforcerait les effets de la chimiothérapie. Tel est l’objectif des chercheurs toulousains de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale ( Inserm) qui viennent de publier les résultats d’un essai de phase 1 chez l’homme.

    5% survivent au cancer du pancréas au delà de 5 ans

    A ce jour, le cancer du pancréas reste l’un des plus méconnus, car souvent difficile à diagnostiquer. Mais c’est aussi l’un des plus dangereux. En effet, comme l’indique le communiqué de l’Inserm « moins de 5% des patients restent en vie 5 ans après le diagnostic ». Une fatalité qui s’explique notamment par l’action des cellules cancéreuses qui développent leur propre mécanisme de défense face à la chimiothérapie ainsi que celles du microenvironnement de la tumeur, d’ un mélange de cellules immunitaires, endothéliales et de fibroblastes appelé « stroma », immergées dans une matrice extracellulaire extrêmement dense et compacte. Ce stroma contient notamment des « fibroblastes associés au cancer » (CAFs) très abondants, qui produisent des protéines en excès », explique les chercheurs de l’Inserm.

    Des cellules microenvironnementales productrices de chimiorésistance

    Afin d’étudier de plus près la chimiorésistance des CAFs, l’équipe toulousaine a prélevé des cellules cancéreuses sur des patients atteints du cancer du pancréas issus des CHU de Limoges et de Toulouse pour les greffer ensuite sur des souris. Ils ont ensuite administré aux rongeurs un traitement à base de gemcitabine, « la chimiothérapie de référence dans le cancer du pancréas », afin de comparer l’évolution de la tumeur du pancréas chez les souris dont les cellules contenaient des CAFs avec celles dont ces cellules étaient absentes. Résultat : la tumeur grossit davantage en présence de CAFs.

     

    Des premiers résultats encourageants

    Les chercheurs ont alors observé une hyperactivité dans la mTOR/4E-BP1, l’une des voies de signalisation des CAFs. Selon eux, cette voie conduit une production excessive de protéines « telles que des facteurs de croissance et des facteurs de chimiorésistance comme l’interleukine 6. » Bonne nouvelle : un inhibiteur de cette voie existe déjà. Bapstisé le SOM320, il est notamment utilisé pour traiter des tumeurs neuroendocrines. Les chercheurs ont donc décidé de tester l'action du SOM230 dans la tumeur du pancréas.

    Et les premières expériences se révèlent concluantes puisque que l’administration de gemcitabine associée à la molécule SOM230, a pour effet de bloquer la progression des tumeurs pancréatiques. « La chimiothérapie est nécessaire, mais ces travaux montrent qu’il faut l’associer à d’autres médicaments pour augmenter son efficacité et prendre le microenvironnement en compte. Plusieurs pistes sont à l’essai, comme celle des enzymes de dégradation du stroma. Mais cette approche n’est pas spécifique. Au regard de nos récents travaux, il paraît pertinent de cibler la voie mTOR/4E-BP1 hyperactivée dans les CAFs », explique Corinne Bousquet, coauteur des travaux. Un essai de phase 2 permettant d’évaluer son efficacité devrait démarrer prochainement.

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    JDF