Baisse des effectifs, disparition des lieux de consultation

Protection maternelle et infantile : le Collectif entendu

Après la journée d'action, des travaux entre les représentants des structures de PMI et le ministère devraient s'ouvrir dans les semaines qui viennent. En 30 ans, 2000 centres de PMI ont fermé.

  • Par Bruno Martrette
  • Capture d'écran vidéo YouTube, cortège du collectif "Assurer l'Avenir de la PMI" lors de la manifestation du 30/01/2014 (Paris)
  • 01 Fév 2014
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    « Des travaux entre les représentants des structures de protection maternelle et infantile (PMI) et le ministère de la Santé devraient s'ouvrir dans les semaines qui viennent ! » C'est l'annonce faite à l'Agence Presse Médicale vendredi par le président du Syndicat national des médecins de PMI (SNMPMI), le Dr Pierre Suesser, au lendemain de la journée d'action du 30 janvier à ce sujet. « Alertez les bébés et les parents : la PMI est en danger ! » C'est en effet le cri d'alarme lancé depuis le 27 janvier par le Collectif "Assurer l'Avenir de la PMI". Pour ces 14 associations, cette politique nationale de protection et de promotion de la santé de la famille et de l'enfant, ouverte à tous, gratuite et de proximité, est menacée aujourd'hui. Un constat inquiétant notamment pour les femmes les plus précaires qui pour beaucoup se rendent dans ces services de PMI pendant leur grossesse ou pour le suivi de leur jeune enfant.

    Un taux de grévistes en PMI de 100 % dans l'Aveyron 
    Alors, pour préserver ces lieux essentiels, de 800 à 1 000 personnes se sont rassemblées à Paris devant le ministère de la Santé. Ce mouvement a aussi réuni une centaine de participants à Toulouse, environ 70 à Saint-Brieuc et à Bordeaux, 60 à Lille et à Nantes, ou encore une cinquantaine à Marseille, a énuméré le Dr Pierre Suesser. Ce syndicaliste a par ailleurs signalé à l'APM des taux de grévistes en PMI de 100% dans l'Aveyron, et de 70% dans le Bas-Rhin. De plus, la pétition lancée par le collectif avait réuni, vendredi midi, déjà près de 8 100 signatures électroniques. Et toutes ces personnes attachées à la PMI ne sont pas descendues pour rien dans la rue. Une délégation a été reçue ce jour-là par Raymond Le Moign, directeur adjoint du cabinet de la ministre, Marisol Touraine, a rapporté le Dr Pierre Suesser. Il a estimé que « le ministère avait manifesté, enfin, une prise en considération effective des demandes du collectif. »


    1 bébé sur 2 suivi en PMI
    Surtout que le sujet est essentiel. Car aujourd'hui encore, le nombre de naissances reste à un niveau très élevé en France. La médecine de ville, et a fortiori l'hôpital, ne sont pas en mesure de faire face dans de nombreux points du territoire à tous les enjeux autour de l'enfant. Cette défaillance pendant longtemps a été fort bien palliée par les services de PMI. Si bien que ces dernières années encore, un bébé sur deux de moins d'un an était jusqu'à présent suivi en PMI, et une femme enceinte sur 5 également (source IGAS).
    Un renfort indispensable pour les hôpitaux car la liste des missions essentielles assurées par les services des PMI est longue : consultations médicales préventives, visites à domicile, bilans de santé en école maternelle, soutien aux familles. Mais les services de PMI réalisent aussi des vaccinations, des actions de dépistage, du soutien à la fonction parentale, ou encore de l'accompagnement et de l'éducation pour la santé dans des situations de handicaps et de maladies chroniques.

    Ecoutez le Dr Pierre Suesser, pédiatre du service de PMI à Bondy (93) : « Aujourd'hui cette politique nationale qui a fait ses preuves comme approche globale de la santé de l'enfant de la famille est menacée. Nous tirons la sonnette d'alarme ! » (entretien diffusé le 30/01/14)


    Plus de 2000 lieux de consultation ont fermé en 30 ans

    Mais depuis 10 ans, les services et les équipes de PMI sont fragilisés dans de nombreux départements : beaucoup de consultations de nourrissons et de femmes enceintes, et de planification familiale, de bilans de santé en maternelle, sont supprimés. Les délais de rendez-vous s'allongent. Le suivi d'enfants après 2 ans se restreint. Les visites à domicile en pré et post-natal se raréfient.
    Pour expliquer ce constat, les acteurs de la PMI évoquent le désengagement de cette politique de santé publique de l'enfant et de la famille par les ministères de la santé successifs. Et les départements se sont souvent peu investis dans cette mission de santé. Enfin, comme les médecins sont peu sensibilisés dans leur formation aux missions essentielles menées par les PMI, et qu'en plus ces professionnels sont parmi les plus mal remunérés, une baisse des vocations se fait sentir. 

    Ecoutez le Dr Pierre Suesser : « Le nombre de points de consultation qui était de plus de 6500 il y a 30 ans et tombé à 4300 en 2011 !...» (entretien diffusé le 30/01/14)



    Des mesures d’urgence pour sauvegarder la PMI
     
    Alors, pour remédier à la menace qui pèse sur les services de PMI, le Collectif plaide depuis plusieurs semaines pour la création d’une instance nationale pour la promotion et la protection de la santé familiale et infantile chargée d’impulser une politique nationale de santé de l’enfant et de l’adolescent, de la famille, en lien avec les conseils généraux, les ARS, les CPAM et tous les partenaires.
    Par ailleurs, ces acteurs demandent la mise en place rapide d'un plan d’urgence pour accroître la démographie des professionnels de santé intervenant en PMI. Cette dernière passe bien évidemment par une revalorisation des statuts et rémunérations, une formation initiale et un accès au développement professionnel continu, et enfin des modalités de recrutement adaptés, précise le communiqué.
    Enfin le Collectif réclame un accroissement du financement de la PMI, de la part des divers acteurs que sont l’État, les ARS, l’Assurance maladie et les collectivités locales.

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    JDF