Disparition des vignettes

Médicaments : l'affichage des prix ulcère les pharmaciens

"Incompréhensible", c'est le terme utilisé par la Présidente de l'Ordre des pharmaciens concernant les dernières dispositions applicables en matière d'informations sur le prix des médicaments.

  • Par la rédaction
  • WITT/SIPA
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  • 18 Fév 2015
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    Le prix et le taux de remboursement des médicaments inscrits sur les boîtes, c'est fini ? C'est la question que se posent bon nombre de Français depuis que le décret supprimant les vignettes pharmaceutiques est entré en vigueur fin août 2014. Malgré la disparition des vignettes l’information du consommateur sur le prix des médicaments à usage humain doit pourtant toujours accessible au sein de l’officine, ce qui risque de compliquer la vie des pharmaciens. Et pas sûr que le nouveau dispositif soit un plus pour les patients.

    Des étiquetages illogiques
    « Incompréhensible, illogique, et pas simple pour les acteurs », c'est en ces termes qu'Isabelle Adenot, Présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, a qualifié les dernières dispositions applicables en matière d'informations du consommateur sur le prix des médicaments. Celles-ci sont entrées en vigueur le 5 février et les pharmaciens bénéficient d'une période transitoire (jusqu'au 30 juin 2015) pour les appliquer.


    La Présidente de l'Ordre explique par exemple que « pour un médicament remboursable exposé à la vue du public, l’information sur son prix ne nécessite pas la mention du taux de remboursement. S’il est non exposé à la vue du public, la mention du taux est obligatoire... »
    Elle rajoute que le pharmacien doit aussi indiquer « le taux de prise en charge par l’Assurance maladie des médicaments non remboursables non exposés à la vue... ».

    Un classement en DCI compliqué pour le patient
    Pour permettre au patient/consommateur de rester informé sur le prix des médicaments le pharmacien est censé mettre à disposition un catalogue (support papier) affichant le prix des produits non exposés à la vue du public. Le dispositif prévoit que les spécialités médicamenteuses soient « classés par ordre alphabétique et par dénomination commune internationale (DCI) »! « Difficile pour le patient de retrouver là-dedans ses pastilles pour la gorge », fait remarquer l'Ordre.
    A ce sujet, Gilles Bonnefond, Président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO), est plus rassurant. Pour lui, la prescription en DCI n'est pas un problème. 

    Ecoutez Gilles Bonnefond, Président de l'USPO : « Ce sera classé par DCI mais il y aura aussi le nom des marques. Donc je pense que le patient s'y retrouvera. S'il cherche le prix des Lopéramide... »


    La tablette préférée au catalogue papier (pour les remboursables)
    D'ailleurs, Gilles Bonnefond se dit sur le fond « favorable » à ce « plus de transparence », et il trouve ainsi légitime que le patient puisse « s'il a un doute » contrôler le prix du médicament dans l'officine. Il pense, par ailleurs, que les pharmaciens s'équiperont davantage d'une tablette ou d'un ordinateur pour afficher le prix des médicaments remboursables, « plutôt que d'éditer tous les mois 400 pages imprimées dans un catalogue papier ». 


    Enfin, ce pharmacien dans la Drôme (26) se dit pour sa part non choqué par les menaces de Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) qui a d'ores et déjà annoncé qu'elle sanctionnerait les pharmaciens n'appliquant pas la loi.

    Ecoutez Gilles Bonnefond : « La DGCCRF ne fait qu'appliquer la loi. Elle a en plus très bien compris que le pharmacien ne pouvait pas étiqueter toutes les boîtes de médicaments, surtout les remboursables... »


    Des contrôles dans les officines dès le 1er juillet
    Les contrevenants s'exposent en effet à des amendes très élevées qui risquent d'être appliquées puisque des contrôles dans les officines sont déjà annoncés par la DGCCRF, à partir du 1er juillet. Dans l'attente, et pendant la période transitoire, une affichette obligatoire doit déjà être apposée dans la pharmacie sur un support lisible et visible par le consommateur. Le texte de cette affichette est imposé, rappelle l'Ordre : « Le prix des médicaments remboursables est réglementé. Le prix des médicaments non-remboursables est libre. Dans le cas où aucune vignette n'est apposée sur le conditionnement, le prix et les modalités de remboursement du médicament sont accessibles sur le site Internet : www.medicaments.gouv.fr ».  Gilles Bonnefond conclut : « les pharmaciens sont avertis. »

    Ecoutez Gilles Bonnefond : « Je trouve astucieux l'idée d'une période transitoire. Les logiciels des pharmaciens n'auraient jamais été prêts au 5 février. »





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    JDF