Maladies non-transmissibles

OMS : sauver 16 millions de vies grâce à la prévention

Peut mieux faire. L’Organisation Mondiale de la Santé livre son bilan annuel sur la lutte contre les maladies non-transmissibles dans le monde. Les Etats doivent accentuer leurs efforts.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Lutter contre l'inactivité et l'obésité : deux axes de prévention (LASKI/EAST NEWS/SIPA)
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  • 19 Jan 2015
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    En matière de prévention des maladies non-transmissibles, la tendance est à l’amélioration. Mais le monde a encore beaucoup à faire pour réduire le fardeau économique et démographique du cancer, des maladies cardiovasculaires et pulmonaires, ou encore du diabète.
    « La communauté internationale a l’opportunité de modifier le cours de l’épidémie de maladies non-transmissibles », souligne la directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé, Margaret Chan. Dans son dernier rapport, l’OMS fixe les 9 objectifs à mettre en place dès 2015.

    1 à 3 dollars par an

    Sur 38 millions de décès liés aux maladies non-transmissibles en 2012, 42 % étaient prématurés (avant 70 ans) et évitables. Pour améliorer la prévention en 2015, l’OMS met en avant des solutions coût-efficaces, qui nécessitent donc peu d’investissement mais dont le rendement est maximal. « En n’investissant qu’un à trois dollars par personne et par an, les Etats pourraient réduire fortement les maladies non-transmissibles et les décès liés », commente le Dr Chan.
    Ces investissements sont calculés pour représenter un poids minime dans le budget des pays à faible ou moyen revenu. L’objectif : éviter 16 millions de décès annuels. La France n’est pas épargnée : 87 % des décès sont liés aux maladies non-transmissibles.

    Source : Organisation mondiale de la Santé

    Les 9 objectifs de l’OMS à atteindre en 2025

    1 – Réduction de 25 % du risque de décès prématuré par maladie cardiovasculaire, cancer, diabète, maladie respiratoire chronique.

    2 – Réduction de 10 % de la consommation à risque d’alcool, dans un contexte national.

    3 – Réduction de 10 % de l’activité physique insuffisante.

    4 – Réduction de 30 % de l’apport moyen en sel dans la population. L’Argentine est parvenue à une réduction de 25 % de la quantité de sel dans le pain. Brésil, Chili, Canada, Mexique et Etats-Unis incitent aussi à réduire les quantités de sel.

    5 – Réduction de 30 % du tabagisme chez les personnes âgées de plus de 15 ans. En Turquie, premier pays à avoir mis en place des mesures coût-efficaces, le tabagisme a reculé de 13 % entre 2008 et 2012. Les avertissements sanitaires couvrent 65 % des emballages, et les taxes représentent 80 % du prix de vente au détail.

    6 – Réduction de 25 % de la pression artérielle élevée, ou stagnation selon les caractéristiques nationales.

    7 – Interruption de la hausse du diabète et de l’obésité. En Hongrie, la taxation des ingrédients présentant un risque pour la santé (sucre, sel, caféine) a payé. Un an après la mesure, 40 % des industriels ont changé leurs recettes. Les ventes d’aliments peu sains ont reculé de 27 % et les gens consomment 25 à 35 % de produits en moins.

    8 – Qu’au moins 50 % des personnes éligibles reçoivent un traitement et des conseils pour prévenir une crise cardiaque ou un AVC.

    9 – Disponibilité d’au moins 80 % des technologies de base et des médicaments essentiels, y compris génériques, nécessaires au traitement des maladies non transmissibles, dans le public comme dans le privé.

    Un accent sur les pays à faible revenu

    L’OMS propose des mesures simples à échelle nationale : lutte contre le tabagisme, la malbouffe, la consommation excessive d’alcool et l’inactivité physique. Mais la réduction des maladies non-transmissibles aura aussi un prix pour les Etats : un système de santé universel. Au Brésil par exemple, la mortalité liée à ces maladies a reculé de 1,8 % grâce à un accès élargi aux soins primaires.

    « En 2015, chaque Etat doit mettre en place des objectifs nationaux et des actions coût-efficaces. S’ils ne le font pas, des milliers de vie continueront à être perdues trop tôt », martèle Margaret Chan. Les pays à faible ou moyen revenu sont particulièrement concernés : ils représentent les 3/4 des décès liés aux maladies non-transmissibles… et 86 % des décès prématurés.
    La situation est d’autant plus critique que tous les outils sont disponibles pour réduire la mortalité. « Notre planète possède la connaissance et les ressources nécessaires pour atteindre les 9 objectifs d’ici 2025 », conclut le Dr Oleg Chestnov, directeur général adjoint chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale. « Ne pas atteindre ces objectifs serait inacceptable. »

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    JDF