Troisième trimestre à haut risque

Autisme : une nouvelle étude met la pollution en accusation

Le risque d’autisme est doublé chez les femmes dont le bébé a été exposé in utero à la pollution aérienne. Le 3e trimestre est particulièrement risqué. C’est la troisième étude qui parvient à cette conclusion.

  • Par la rédaction avec Audrey Vaugrente
  • THOMAS JEAN-PAUL/SIPA
  • 19 Déc 2014
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    La pollution est une piste de plus en plus sérieuse dans l’explication des troubles autistiques. Une étude de l’Ecole de santé publique de Harvard (Boston, Massachussetts, Etats-Unis) conclut que l’exposition prénatale à la pollution aérienne double le risque de développer un trouble du spectre autistique.

     

    L’impact des particules fines

    Les travaux, parus dans Environmental Health Perspectives, découlent du suivi de 1 767 enfants nés entre 1990 et 2002. Parmi eux, 245 étaient autistes. Avant, pendant et après la grossesse de leur mère, l’exposition aux polluants aériens a été précisément mesurée.

    Les particules fines (2,5 micromètres de diamètre) et ultra-fines (inférieures à 0,1 µm), au cours de la grossesse, doublent le risque de développer un trouble autistique. C’est la troisième étude à conclure cela. L’exposition tout au long de la grossesse est à risque, mais le troisième trimestre est particulièrement critique, signalent les chercheurs. La période pré et post-natale n’est en revanche pas associée à l’autisme.

     

    « Les preuves du rôle de l’exposition maternelle à la pollution aérienne dans l’augmentation du risque de troubles du spectre autistique deviennent assez solides. Cela ne nous offre pas seulement de nombreux détails à mesure que nous étudions les origines des troubles autistiques; une exposition modifiable ouvre la voie à de possibles mesures préventives », commente Marc Weisskopf, principal auteur de l’étude. En effet, plusieurs hypothèses expliquent ce lien entre pollution aérienne et autisme, et leur solidité se renforce d’étude en étude.

     

    Des dégâts sur les cellules

    L’exposition in utero aux substances toxiques de l’environnement peut perturber la formation du système nerveux chez le foetus, mais aussi la prolifération des cellules et leur différenciation. On sait, par exemple, que les particules très fines sont couvertes de divers polluants qui pénètrent les cellules et provoquent des dégâts. 

    Des études sur les rongeurs ont aussi montré que ces polluants peuvent provoquer la libération dans le sang et le cerveau de molécules qui stimulent l’inflammation et altère le système immunitaire du nouveau né. Et ce sont justement des processus impliqués dans les troubles autistiques.

     

    « Nos résultats démontrent que l’exposition de la femme enceinte à un air pollué peut avoir un effet sur l’apparition de troubles autistiques chez son enfant. La pollution atmosphérique est cependant un facteur sur lequel on peut agir. En évitant d’exposer les femmes enceintes à un air pollué, on réduirait ce risque et ce faisant le coût croissant que représente l’autisme pour les familles et la société », conclut Marc Weisskopf. Encore faut-il trouver les moyens de limiter cette exposition. 

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    JDF