9 milliards d'économies potentielles

Médicaments : moins d'un patient sur 2 suit son traitement

Selon une étude, l’observance de médicaments en France fait défaut. Or, elle permettrait d'économiser 9 milliards d’euros en une seule année sur 6 pathologies chroniques.  

  • Par la rédaction
  • Eamon Queeney/AP/SIPA
  • 12 Nov 2014
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    En 2012, une étude mondiale d’IMS Health révélait que plus de la moitié des économies potentielles de santé relève de l’observance, soit 269 milliards de dollars pour 186 pays. Face à ces chiffres, l'entreprise américaine a voulu évaluer l'impact de cette mauvaise observance sur les pathologies chroniques en France. IMS Health France/ CRIP a donc présenté ce mercredi une première étude en son genre qui se concentre sur 6 pathologies chroniques. Elles  représentent le quart des dépenses de médicaments et comportent un risque à terme de complications graves. Il s'agit de l'hypertension artérielle (HTA), de l'asthme, du diabète de Type 2, de l'ostéoporose, de l'insuffisance Cardiaque et enfin de l'hypercholestérolémie. 


    Un défaut d’observance massif
    Dans ces travaux, l’observance de la stratégie médicamenteuse a été enregistrée de manière longitudinale pendant 12 mois en vie réelle, et ce, de façon anonyme sur environ 170 000 patients en initiation de traitement.
    Pour rappel, un patient est considéré comme non observant dès lors qu’il suit son traitement à moins de 80 % que ce soit dans la durée ou en termes de dose.
    Les résultats de l'étude font apparaître de manière spectaculaire la faible part de la population observante, de l'ordre de 40 %.
    Ainsi, seuls 13 % des patients souffrant d’asthme sont observants, suivis par les insuffisants cardiaques (36 %), les diabétiques de type 2 (37 %), les hypertendus (40 %), les patients souffrant d’hypercholestérolémie (44 %) ou d’ostéoporose (52%).
    Dit autrement, dans l’hypertension artérielle, 60 patients sur 100 ne suivent pas leur traitement correctement, s’exposant ainsi notamment à un risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) pouvant entraîner des conséquences graves et handicapantes.


    Plus de 9 milliards d’économie à la clé
    Par ailleurs, ce bilan n'est pas sans conséquences. Puisque la non observance entraîne des coûts évitables très importants, liés aux complications. Pour chaque pathologie, l’étude a calculé uniquement le coût direct de la complication la plus importante : pour l’hypertension artérielle, l’accident vasculaire cérébral ; pour le diabète de type 2, les maladies coronariennes ; pour l’hypercholestérolémie, l’Infarctus sévère du myocarde ; pour l’insuffisance cardiaque, l’œdème pulmonaire ; pour l’ostéoporose, les fractures ostéoporotiques et pour l’asthme, l’état de mal asthmatique.
    Dans le cas de l’hypertension artérielle, le coût direct des accidents vasculaires cérébraux représente à lui seul 4,4 milliards d’euros dans une année. Pour l’ensemble des 6 pathologies étudiées, le total des économies potentielles s’élèverait à 9,3 milliards d’euros en une seule année. Derrière les chiffres, cette étude pointe aussi la souffrance des patients, les vies handicapées par la maladie et les coûts indirects pour la société liés aux arrêts de travail, au non emplois de ces personnes.


    De nombreux facteurs et acteurs au cœur de l’observance
    Alors, pour expliquer ces chiffres, les enquêteurs indiquent que de multiples facteurs contribuent à la non adhésion au traitement médical. Certains sont liés à la méconnaissance de la pathologie : sous-estimation des risques et conséquences, absence de symptômes, chronicité de la maladie, dépression associée. D’autres relèvent de la croyance ou des superstitions. La mauvaise compréhension du traitement est également souvent en cause. D’où, une non observance parfois volontaire.
    Enfin, l’environnement médico-social, économique ou la stigmatisation dont les patients pensent être l’objet entrent également en jeu.

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    JDF