Discriminations

Les étudiants transgenres 4 fois plus confrontés à des problèmes de santé mentale

Un vaste sondage réalisé dans des universités américaines révèle que les étudiants appartenant à une minorité sexuelle ont plus de risques de souffrir de problèmes psychiques et mentaux.

  • Par Johanna Hébert
  • ADragan / istock
  • 17 Aoû 2019
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    Il s’agit de l’enquête la plus vaste et la plus complète menée sur la santé mentale auprès d’étudiants américains. Et celle-ci révèle que les personnes s’identifiant comme transgenres (dont l’identité de genre diffère du sexe de naissance) ou non-binaires (dont l’identité de genre se situe entre homme et femme) font face à d’énormes disparités en matière de santé mentale, par rapport à leurs pairs.

    Cette étude sans précédent, menée auprès de 71 universités, est publiée dans l’American Journal of Preventive Medecine.

    60% de cas de dépression, 40% de tentatives de suicide

    L’équipe de recherche a examiné les taux de dépression, d’anxiété, de troubles de l’alimentation, d’automutilation et d’envies de suicide sur un échantillon de 1 200 étudiants issus de minorités sexuelles. Environ 78% d’entre eux présentaient un ou plusieurs problèmes de santé mentale. 60% de ces étudiants ont reçu un diagnostic clinique de dépression, contre 28% chez les étudiants cisgenres, c’est-à-dire dont l’identité de genre actuelle est alignée sur le sexe de naissance.

    Ces résultats découlent de données obtenues dans le cadre de la Healthy Minds Study, une enquête annuelle nationale sur la santé mentale dans les campus. Plus de 300 000 étudiants ont accepté d’y répondre depuis son lancement en 2007. Ces derniers peuvent indiquer le genre attribué à la naissance et leur identité actuelle. Cela a donc permis aux chercheurs de la présente étude de se pencher sur le cas des minorités sexuelles. 

    "Le fait que plus de 40% des étudiants transgenres ont déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie me fait dire qu’il existe un écart considérable et disproportionné entre les cisgenres et les transgenres, que la recherche peut contribuer à résoudre", explique Julia Raifman, auteure principale de l’étude.

    Les sanitaires ou les logements, lieux de rejet pour les transgenres

    Les résultats de cette étude ne font que renforcer d’autres disparités déjà relevées au sein des minorités sexuelles. Par exemple, le taux d’abandon des études supérieures est plus important chez les personnes transgenres. De plus, elles sont majoritairement victimes de discrimination ou de harcèlement.

    Certains lieux, dans les universités, exacerbent aussi le mal-être des personnes transgenres: les sanitaires, ou encore les logements. Des recherches ont déjà montré que le risque de suicide est nettement plus élevé chez les personnes transgenres qui se sont vues refuser l’accès à des toilettes ou des logements adaptés à leur identité sexuelle.

    Lentement, les sanitaires et les logements neutres en terme de genre s’imposent. L’équipe de chercheurs espère que les responsables de l’enseignement supérieur utiliseront ces résultats comme un tremplin pour des actions beaucoup plus urgentes, comme mettre en place des politiques permettant aux étudiants de changer de nom dans les registres du campus ou mieux sensibiliser sur les questions relatives au minorités sexuelles. 

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    JDF