Erreurs médicales

« Chirurgien de l’horreur » de Grenoble : de nouveaux témoignages accablants

Un chirurgien exerçant à Grenoble, récemment suspendu de ses fonctions, fait l'objet d'une enquête préliminaire pour "mise en danger d'autrui" suite aux accusations d'au moins sept patients.

  • Par Justine Ferrari
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  • 24 Avr 2019
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    La liste des tords qui lui sont reprochés est longue : non-respect des techniques opératoires, absence dommageable de qualité dans le suivi opératoire, erreurs médicales ayant conduit à des amputations ou des invalidités, oubli de compresses ayant entraîné une surinfection… face à toutes ces plaintes, le docteur V., qui exerçait à la clinique des Cèdres d’Échirolles (région de Grenoble) comme chirurgien spécialiste du dos, fait l’objet d’une enquête préliminaire pour "mise en danger d’autrui". Il a récemment été suspendu de ses fonctions pour 3 ans, dont 18 avec sursis, par l’Ordre des médecins. Ils sont sept patients à vouloir qu’il réponde de ses actes.

    Ces pratiques ont été révélées en 2016, quand la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) découvre 54 dossiers sur le docteur V., "montrant que les patients ont été opérés sans justification médicale, ce qui les a exposés à un risque injustifié", rapporte Le Parisien. Il se trouve également que deux patients du docteur V. ont porté plainte pour erreurs médicales. Depuis, le nombre est monté à sept, au moins.

    La plupart de ces patients sont amputés ou condamnés à se déplacer en fauteuil roulant. Tous estiment que leurs séquelles sont directement dues aux pratiques douteuses du chirurgien, car il n’aurait pas suivi la "check-list de sécurité". Suite aux témoignages de victimes présumées dans le quotidien, leur avocat, Maître Édouard Bourgin, a reçu une quarantaine d’appels d’autres patients du docteur V.


    Des témoignages horrifiants

    Parmi eux, Éric Berthon, opéré en juillet 2017, qui livre un témoignage accablant au Parisien. L’homme de 50 ans est opéré des cervicales par le biais d’une incision à la gorge, par le docteur V. " Le lendemain de l’opération, il raconte que le docteur lui assure que "Ça, c’est du bon travail. Je suis très content du résultat !". Sauf qu’un kyste infectieux s’est développé les jours suivants dans sa gorge. "Une sorte de grosse boule purulente de plusieurs centimètres de diamètre, au niveau de ma cicatrice. C’était comme un volcan. Au bout de deux semaines, le cratère de ce volcan a libéré tout le pus qui était à l’intérieur", raconte-il. Le 6 septembre, le docteur lui fait passer une échographie de la gorge, lors de laquelle une matière suspecte est détectée.

    "Il a donc décidé de me réopérer en urgence le 21 septembre 2017, continue Eric Berthon. Après l’opération, il est venu dans ma chambre et m’a dit avec beaucoup de décontraction : 'Ce n’était qu’une compresse. Je l’ai retirée'. Il a donc reconnu qu’il avait oublié une compresse dans mon corps lors de sa première opération en juillet. C’est cette erreur qui a entraîné l’infection gravissime dont j’ai été victime." En effet, cela n’a pas été sans conséquence : après analyse en laboratoire, il apparaît que l’infection est due à un staphylocoque doré. "Le chirurgien m’a donné un traitement pour faire disparaître cette infection. Mais ce n’était pas le bon traitement. Heureusement qu’un médecin infectiologue de Chambéry m’a pris en charge, car sinon, je ne serais plus là pour vous parler."


    Des opérations inutiles et dangereuses

    Un autre patient souhaite porter plainte : Bakary Diakité. Il a raconté au journal vivre un enfer depuis son opération dans le dos : "En 2015, ce chirurgien m’a posé neuf vis dans la colonne. Mais quatre vis ont bougé car les trous qu’il avait faits étaient trop grands. Une autre vis a cassé. Elle est venue se planter dans un nerf." Suite à cette erreur médicale, ce Grenoblois ne peut plus bouger à cause de la souffrance pendant… 1 an ! "Il m’a réopéré pour cimenter les vis qui bougeaient. Mais il a oublié d’en cimenter deux. Je souffre toujours. Je reste couché toute la journée. Après quatre opérations, dont la dernière en 2018, je me déplace avec des béquilles ou un déambulateur."

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    JDF