Neurocysticercose

Ces tâches blanches dans le cerveau d'un homme étaient en fait des dizaines de larves

Des médecins ont découvert des dizaines de larves dans le cerveau d'un jeune homme de 18 ans. En dépit de leurs efforts pour le sauver, il a succombé à sa neurocysticercose deux semaines plus tard. 

  • Par Raphaëlle de Tappie
  • Capture d'écran/nejm
  • 30 Mar 2019
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    Voilà une fin particulièrement tragique. En Inde, un jeune homme de 18 ans est mort d’une neurocysticercose, une infection parasitaire du système nerveux central. Concrètement, son cerveau était rempli de larves enkystées, rapporte la revue New England Journal of Medicine. Si cette affliction, une maladie tropicale touchant le plus souvent les populations défavorisées, avait déjà été observée, il s’agit ici d’un cas particulièrement extrême.

    Larves en train de s’enkyster

    Ce sont les parents du malade qui l’ont conduit à l’hôpital de Faridabab. Car le jeune homme souffre énormément du côté de droit de l’aine et fait des crises d’épilepsie régulières, indiquent-ils aux médecins. Ces derniers lui font donc passer une IRM et une échographie. Ils découvrent alors que son cervelet, son tronc cérébral et son cortex cérébral sont plein de larves en train de s’enkyster. Le malheureux est également atteint à l'oeil droit et à la testicule gauche. 

    Diagnostic : le patient souffre de neurocysticercose, une infection infection parasitaire du système nerveux central provoquée par un ver plat appelé le ténia du porc (Taenia solium). Si cette maladie a déjà été observée par les médecins, elle est ici particulièrement avancée. Le jeune homme est si atteint que les spécialistes ne peuvent pas lui donner d’antiparasitaire de peur d’aggraver sa pression intracrânienne déjà très élevée. Dans l’espoir de réduire l’inflammation et de contrôler les crises d’épilepsie, ils lui prescrivent donc un corticoïde. En vain, le jeune homme est déjà bien trop atteint. Il décède deux semaines après sa visite à l’hôpital.

    Oeufs de ténia

    Il y a quelques mois, un cas similaire avait déjà été rapporté en Inde, à Gurugram, où une fillette de huit ans s'était rendue à l'hôpital victime de maux de têtes et de crises d'épilepsie répétées. Les médecins avaient alors découvert des kystes dans son cerveau et lui avaient prescrit un médicament à base de stéroïdes pour la soigner.

    Face à l'inefficacité du traitement, ils lui avaient ensuite fait passer un scanner et détecté une infection parasitaire d'oeufs de ténia sous la forme d'une centaine de points blancs. L'enfant avait toutefois eu plus de chance que le jeune homme dont le cas est rapporté ci-dessus. Après avoir été soignée avec des décongestionnants pour réduire le gonflement du cerveau puis un traitement anthelminthique pour détruire les vers parasites et à nouveau des stéroïdes, elle avait été guérie. Elle est aujourd'hui complètement tirée d'affaire.
     

    Une affliction qui touche les populations les plus défavorisées  

    La neurocysticercose, communément vue comme une "maladie tropicale sous-estimée", touche surtout les populations pauvres vivant dans des environnements peu hygiéniques et ruraux. Elle est surtout présente en Asie, en Amérique Latine et de plus en plus en Afrique Subsaharienne. Toutefois, en raison de l’augmentation des flux de circulation dans le monde, il arrive que des personnes vivant dans des pays développés tombent malade. "Aux Etats-Unis, au cours des dernières décennies, la neurocysticercose est devenue un important problème de santé publique à cause de l'afflux croissant d'émigrés, en provenance en particulier du Mexique", explique ainsi le Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale.  

    Généralement, les gens sont infectés en consommant de la viande crue ou mal cuite ou en buvant de l’eau contaminée par des œufs T.solium, explique le site de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Et parce que les personnes infectées vivent le plus souvent dans des zones extrêmement pauvres et reculées, il arrive qu’elles soient malades pendant des années sans le le savoir. Or, sans traitement, l’affection devient de plus en plus grave à mesure que les larves envahissent les tissus.

    "L’enkystement des larves dans le système nerveux central, les muscles, la peau et les yeux conduit à une neurocysticercose la forme la plus grave de la maladie qui est une des causes fréquentes de l’épilepsie dans le monde", explique l’OMS. Outre les crises convulsives, partielles ou généralisées, le malade souffre le plus souvent de céphalées, de démence, de troubles visuels, de vertiges, de troubles psychiques, d’hypertensions intracrânienne (nausées, vomissements…) ou encore de tremblements.

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    JDF