Mobilité douce

Trottinettes électriques : les fractures sont les blessures les plus courantes

Dans une récente étude, des chercheurs s’inquiètent de la multiplication des accidents impliquant des utilisateurs de trottinette électrique.

  • Par Charlotte Arce
  • J. Michael Jones/iStock
  • 05 Fév 2019
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    Depuis leur apparition en 2018 dans le paysage urbain, les trottinettes électriques se sont imposées comme un véritable mode de transport individuel, détrônant même la bicyclette dans le cœur des adeptes de la mobilité douce.

    Mais contrairement aux utilisateurs de vélo, soumis à un strict respect du code de la route, la législation entourant l’usage des trottinettes électriques reste encore trop floue. Les utilisateurs de cet engin électrique ne sont par exemple pas tenus de porter un casque, roulent indifféremment sur la chaussée et les trottoirs, parfois à une vitesse frôlant les 30 km/h. Résultat : les accidents se multiplient et les blessures aussi.


    Fractures et blessures à la tête

    Une nouvelle étude publiée dans JAMA Open Network est même là pour en attester. En l’espace d’une année, ses auteurs ont recensé près de 250 accidents liés à l’usage des trottinettes électriques de septembre 2017 à août 2018 dans deux centres hospitaliers universitaires de la région de Santa Monica et de Los Angeles, en Californie.

    Les blessures les plus courantes recensées par les chercheurs sont les fractures (31,7%), les lésions des tissus mous (27,7%) et surtout les blessures à la tête, qui représentent 40,2% des accidents.

    Parmi les patients, 10,8% étaient âgés de moins de 18 ans et seulement 4,4% des utilisateurs de trottinette électrique portaient un casque ! Pire : les auteurs de l’étude ont noté que 5% des blessés étaient en état d’ébriété alors qu’ils conduisaient leur engin électrique. "Notre étude montre que le taux d'adhésion aux législations de sécurité routière est très bas, de même que pour celles encadrant l'âge", notent les auteurs.


    8% des blessés sont des piétons

    Pour eux, cette multiplication des accidents s’explique non seulement par le non-port du casque par les utilisateurs de trottinettes électriques, mais aussi par la difficulté de partager l’espace urbain : en roulant sur la chaussée, ils encourent le risque d’être renversés, mais en utilisant les trottoirs, ce sont les piétons qui deviennent vulnérables. Ces derniers représentent d’ailleurs 8% des blessés dans les accidents de trottinette. Un chiffre toutefois à nuancer : si la moitié a été victime d’une collision, l’autre a été blessée en déplaçant la trottinette sur la voie publique ou en trébuchant dessus.

    "Lors du lancement des premiers Segway en 2001, leur usage était limité aux zones touristiques. En comparaison, aujourd'hui, les usagers de trottinettes électriques sont plusieurs milliers par ville, à partager les rues avec des automobiles et des piétons", analysent les auteurs de l’étude.

    Ce constat ne se limite pas aux seules villes de Californie. À Paris, où la société Lime a mis en place des trottinettes partagées depuis l’an dernier, la problématique entourant l’usage de ces engins motorisés est la même. Pour le moment, les utilisateurs de la e-trottinette peuvent encore rouler sur les trottoirs, à condition de ne pas dépasser les 6 km/h… Mais peut-être plus pour très longtemps. Présenté fin novembre, le projet de loi d'orientation des mobilités prévoit en effet que trottinettes, gyropodes et rollers soient cantonnés à un strict usage sur les pistes cyclables sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 135 euros.

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    JDF