Santé et environnement

Macron renonce à interdire le glyphosate en 2021

Emmanuel Macron a fait marche arrière sur ses engagements personnels jeudi en laissant entendre que l'agriculture française ne saurait se passer de glyphosate d'ici à trois ans. 

  • Par Anaïs Col
  • Leonid Eremeychuk / istock
  • 26 Jan 2019
  • A A

    La France ne se passera pas totalement de glyphosate d'ici à trois ans. Même si des progrès ont été faits en ce sens, notamment depuis le 1er janvier 2019 avec l'interdiction à la vente de cet herbicide, potentiellement cancérigène, dans les jardineries et qu'il ne reste qu'une soixantaine de produits contenant du glyphosate encore disponibles en France, contre 316 en 2016, nous sommes encore loin d'une agriculture saine. 


    "Ça tuerait notre agriculture"

    C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre Emmanuel Macron jeudi, lors d'un débat citoyen à Bourg-de-Péage (Drôme). "Je sais qu’il y en a qui voudraient qu’on interdise tout du jour au lendemain. Je vous dis : un, pas faisable, et ça tuerait notre agriculture. Et même en trois ans on ne fera pas 100 %, on n’y arrivera, je pense, pas", a-t-il déclaré, allant à l'encontre de l'un de ses engagements personnels. Même si le président a encouragé les "productions alternatives" au glyphosate pour ne plus utilisé cet herbicide, il a ajouté qu'il n'existe concrètement "aucun rapport indépendant ou pas indépendant qui a montré que c’était mortel".

    En effet, si le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a jugé que le glyphosate était potentiellement cancérigène pour l'humain, l'OMS et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont conclu, à l'inverse, que cette substance était "peu susceptible de présenter un risque cancérogène pour l’homme à travers le régime alimentaire". Si les avis des institutions sanitaires divergent, les écologistes eux gardent le cap "anti-glyphosate". 


    L'interdiction du Roundup Pro 360

    Récemment, l'autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360, un désherbant contenant du glyphosate, a été interdite. Les juges ont estimé que l’Anses a "commis une erreur d’appréciation au regard du principe de précaution" en autorisant la vente de ce produit de Monsanto (filiale de l’Allemand Bayer), le 6 mars 2017. "Le Roundup Pro 360 devait être considéré comme une substance dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est supposé", a déclaré le tribunal administratif de Lyon, fondant sa décision sur les études du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) sur le glyphosate. 

    "Malgré l’approbation de la substance active (glyphosate) par l’Union européenne, le tribunal a estimé que les études scientifiques et les expériences animales montraient que le Roundup Pro 360, préparation dont la toxicité est plus importante que celle du glyphosate, est un produit potentiellement cancérigène pour l’homme, suspecté d’être toxique pour la reproduction humaine et pour les organismes aquatiques", a argumenté la juridiction dans un communiqué. "Il en a déduit que l’utilisation du Roundup Pro 360 porte une atteinte à l’environnement susceptible de nuire de manière grave à la santé humaine".

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF