Les chiffres augmentent

Ebola : plus de 300 morts en RD Congo

Le ministère de la Santé de la République démocratique du Congo vient d'annoncer plus 300 morts par Ebola depuis la résurgence de l'épidémie en août. Toutefois, en dépit de la difficulté des équipes médicales à se rendre dans certaines zones en conflit, celles-ci ne s'attendent pas à un scénario similaire à celui de 2014. 

  • Par Raphaëlle de Tappie
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  • 16 Déc 2018
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    En un mois, les chiffres ont bondi. Alors que le cap des 200 morts par Ebola avait été franchi en novembre en République démocratique du Congo, le ministère de la santé du pays a annoncé jeudi 13 décembre plus de 303 décès (255 confirmés et 48 probables). En revanche, 179 personnes infectées sont aujourd’hui guéries.


    Hécatombe de 2014

    L’épidémie d’Ebola a resurgi le 1er aout dernier dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Fort heureusement, les professionnels de santé ne s’attendent pas à l’hécatombe de 2014, où la maladie avait tué plus de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest, surtout en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. En effet, d’après Mosoka Fallah, directeur de l’Institut national de santé publique du Liberia interrogé par France 24, l’épidémie a été rapidement détectée et a ainsi bénéficié d’une rapide réaction de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a envoyé de nombreuses équipes médicales sur place.

    "Il est difficile de faire des prédictions, mais je ne crois pas à un scénario semblable à celui de 2014, qui a vu trois pays touchés rapidement, et une épidémie durer presque deux ans… Nous sommes actuellement dans le cinquième mois d’épidémie et elle est pour l’instant circonscrite au Nord-Kivu et à l’Ituri, dans l’est du pays, ce qui est bon signe ; la frontière avec l’Ouganda est par ailleurs très surveillée pour éviter la propagation vers l’Est", renchérit quant à elle Laurence Sailly, coordinatrice d’urgence de Médecins sans frontières (MSF) au Nord-Kivu, également contactée par France 24.


    Un dépistage compliqué en raison des violences dans la région  

    Par ailleurs, le vaccin rVSVΔG-ZEBOV-GP expérimental contre Ebola a pu être utilisé dès le début des contagions en août. S’il n’est pas encore efficace à 100%, les scientifiques travaillent d’arrache pied à l'améliorer. Qui plus est, "les échantillons sanguins de patients suspectés d’être atteints d’Ebola sont désormais examinés dans un laboratoire installé au sein même des centres de traitement d’Ebola. Cela permet aux équipes de réagir plus vite aux changements d’état des patients", explique MSF dans un article sur le sujet.

    "C’est également la première fois que cinq nouveaux médicaments sont utilisés pour soigner des patients atteints d’Ebola en RDC et la présence d’une capacité d’analyse en laboratoire sur place nous permet d’offrir ces nouveaux traitements aux patients confirmés dans les 24 heures après le test positif au virus", est-il également écrit.

    Mais en dépit de ces améliorations notables, le dépistage reste compliqué, la région étant en proie à de violents conflits, ce qui la rend difficile d’accès. Par ailleurs, dans les zones où les gens se sentent négligés par les autorités, ils ont tendance à se tourner vers des médecines traditionnelles plutôt que de se rendre à l’hôpital quand la maladie se déclenche.


    Accroître la transparence sur la progression de l’épidémie

    Aussi, afin de lutter plus efficacement contre Ebola, il est indispensable de mieux collaborer avec les locaux et notamment les rebelles, explique Mosoka Fallah. "Il doivent eux aussi rejoindre les équipes qui luttent contre Ebola", insiste-il.

    Conscient des difficultés des professionnels de santé à intervenir, le Conseil de sécurité de l’Onu a donc adopté en novembre une résolution sur l’épidémie d’Ebola en RDC. Ce texte "engage le gouvernement congolais, l’Organisation mondiale de la santé et les autres intervenants face à Ebola à continuer d’accroître la transparence et la précision de leurs rapports quotidiens sur la progression de l’épidémie". 

    Ebola est un agent infectieux qui provoque chez l’humain et les autres primates des fièvres souvent hémorragiques. Son taux de mortalité va de 25 à 90% chez l’humain. Lors de l’épidémie meurtrière qui a sévi entre 2013 et 2016, le Liberia (4,5 millions d’habitants) a été le pays le plus touché. Sur les 11 300 morts principalement concentrés au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone, 4 800 avaient été recensés là-bas. 

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    JDF