Dépendance

Etats-Unis : un laboratoire profite de la hausse des overdoses d’opioïdes pour augmenter ses prix

Alors que les Etats-Unis traversent une crise de dépendance sans précédent, le prix d’un médicament destiné à sauver d’une overdose d’opioïdes a explosé.

  • Par Johanna Hébert
  • Stuart Ritchie / iStock
  • 21 Nov 2018
  • A A

    L’année dernière aux Etats-Unis, 49 000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes, ces anti-douleurs qui tuent plus que l’héroïne. L’espérance de vie des Américains, qui en sont de plus en plus dépendants, a baissé depuis le début de cette crise sanitaire. Heureusement, un traitement appelé naxolone permet de sauver d’une overdose d’opioïdes. Le problème, c’est qu’il est beaucoup plus cher qu’avant.


    De 575 à 4100 dollars

    Le laboratoire Kaléo, qui produit le médicament en question baptisé "EVZIO", a décidé d’en faire exploser son prix. Une manière de profiter de la crise et du besoin de son traitement pour s’enrichir. Ainsi en 2014, cette forme de naxolone coutait 575 dollars. En 2017, il coutait 4100 dollars ! En trois ans, son prix a donc été multiplié par sept. Le Sénat américain s’est penché sur le sujet en menant une investigation. Les enquêteurs concluent clairement dans leur rapport que Kaléo a "exploité la crise des opioïdes".


    Les contribuables paient la note

    Dans le rapport du Sénat, il est aussi indiqué que le laboratoire a fait en sorte que les médecins qui prescrivent EVZIO indiquent dans des formulaires que le médicament est une nécessité médicale. Résultat : il est remboursé par les services américains de sécurité sociale, comme Medicaid et Medicare. Et cela, tout en étant si cher et alors que des solutions moins coûteuses existent. Le traitement a coûté 142 millions de dollars aux contribuables selon le Sénat. Une version générique est disponible, un spray nasal aussi. Suite à la publication de ce rapport d’enquête, le laboratoire Kaléo assure que ce sont les "les patients, pas les profits" qui ont dirigé ses actions. 5000 vies auraient été sauvées selon lui.


    La France, prochaine sur la liste ?

    "Aujourd’hui, il y a plus d’overdoses chez les patients avec des douleurs chroniques que chez les consommateurs de drogue", s’alarmait ainsi Nicolas Authier, président de l’Observatoire français des médicaments antalgiques, dans le Parisien en août dernier. En France, les opioïdes sont de plus en plus prescrits et les risques de dépendance augmentent également. Entre 2004 et 2007, 500 000 prescriptions de ces anti-douleurs forts ont été recensées. Conséquence : les overdoses et le nombre de décès associés augmentent.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF