Erreur chirurgicale

Drôme : un chirurgien « boucher » brise la vie d’une patiente

Véronique, 54 ans, a failli mourir pendant une hystéroscopie, un examen pourtant banal. Le chirurgien lui a perforé l’utérus et  sectionné l’artère fémorale. Quatre mois après l’accident, les séquelles sont nombreuses. Une plainte a été déposée.

  • Par Johanna Hébert
  • sudok1 / iStock
  • 03 Oct 2018
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    "Ma vie est brisée". C’est avec cette phrase, simple mais lourde de sens, que Véronique résume ce qui lui est arrivé. Cette femme de 54 ans a failli perdre la vie au cours d’une hystéroscopie, un examen de l’utérus, à l’hôpital de Montélimar en mai dernier. Il s’agit d’une intervention bénigne, mais le gynécologue a perforé son utérus et sectionné son artère fémorale. Quatre mois après, Véronique n’a plus de muscles abdominaux. Ses reins ne fonctionnent plus correctement. Elle peine à se lever, à marcher.

    Début mai, la drômoise consulte un gynécologue allemand, le docteur Martin F. tout juste recruté par l’hôpital de Montélimar. Au moment de ses règles, elle a des saignements persistants pendant plusieurs jours. Le médecin constate la présence d’un fibrome sur la paroi de son utérus. Il s’agit d’une petite tumeur qui n’est pas cancéreuse. Le praticien souhaite alors effectuer une hystéroscopie.


    Le chirurgien, un "boucher"

    Pendant l’intervention, il perfore son utérus. Un médecin interne et un anesthésiste essaient de l’alerter de son erreur. Michel Cohen, directeur de l’hôpital, explique dans un courrier adressé à l’Ordre des médecins: "Il a continué son geste chirurgical malgré les alertes de son aide opératoire. Il a débuté le curetage alors qu’il se trouvait à proximité des axes vasculaires. Il a touché l’artère fémorale. Il est resté sidéré et incapable de prendre une décision alors que le pronostic vital de la patiente était engagé. Nous sommes passés à une situation d’accident thérapeutique en raison de son incapacité à se rendre compte de la perforation utérine et de son insistance à poursuivre son geste".

    Véronique souffre alors d’une très grosse hémorragie et est transférée en urgences à l’hôpital Edouard Herriot, à Lyon. Les médecins vont la sauver et éviter aussi l’amputation de sa jambe droite. Philippe, son mari, a été reçu par Michel Cohen. Il assure que ce dernier a qualifié le praticien de "véritable boucher".


    Une plainte déposée

    Le Conseil de l’ordre des médecins a interdit le docteur Martin F. d’opérer pendant un an. Ce dernier exerce aussi à Strasbourg. Il peut toutefois réaliser des consultations. Véronique et son avocat se demandent si ce "boucher" a fait d’autres victimes car il a déjà exercé en Allemagne, en Suisse, en Belgique ou encore au Luxembourg. Une plainte a été déposée au parquet de Valence, une enquête sera donc menée.

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    JDF