Un décès d'enfant par mois

Le "condom-snorting", nouveau défi "dangereux et stupide" comme le jeu du foulard

Le "Condom Snorting Challenge" consiste à aspirer un préservatif par le nez pour le faire ressortir par la bouche... au risque de s'étouffer. Un enfant par mois meurt des conséquences de jeux stupides qui ne perdent pourtant pas leur popularité : les deux tiers les connaissent et un sur dix y a déjà joué. La mort pour 30 secondes de plaisir hypothétique.

  • Par Rédaction Pourquoi Docteur avec Mathilde Debry
  • ipekata / Istock
  • 04 Avr 2018
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    Si inciter les adolescents à utiliser des préservatifs est une bonne chose, c’est malheureusement sans compter sur leur imagination débordante. Dans de nombreuses vidéos recensées par USA today, des jeunes se mettent en scène sur les réseaux sociaux en inhalant un préservatif par le nez pour le faire ressortir par la bouche. Ils relèvent le défi appelé "Condom Snorting Challenge".

    Risque d’étouffement

    Peu de choses peuvent être introduites dans le nez sans que cela ne soit dangereux. Par exemple, renifler du chocolat en poudre peut causer des irritations du nez, de la gorge et des poumons. Faire passer un préservatif du nez à la bouche en l’aspirant peut aussi, entre autres, causer de violentes douleurs, des allergies, des infections et constituer un sérieux risque d’étouffement. "Le préservatif pourrait facilement se coincer dans votre nez ou votre gorge, bloquant votre respiration", explique Bruce Y. Lee, professeur agrégé de santé internationale à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health et collaborateur de Forbes.

    En 2004, des médecins indiens ont signalé qu’une femme de 27 ans avait développé une pneumonie et un collapsus pulmonaire après avoir accidentellement aspiré un préservatif par le nez. En cas d’ingestion, les fragments de préservatif peuvent aussi se loger dans l’appendice et nécessiter une opération en urgence.

    Tendance

    Outre-Atlantique, le défi du "Condom Snorting Challenge" est apparu en 2007 et est redevenu très tendance récemment. Des éducateurs de San Antonio tentent de sensibiliser les parents à ce type de challenges qui fleurissent sur la toile et gagnent l’ensemble du globe, potentiellement mortels pour leurs adolescents.

    D'autres défis ont déjà été lancés sur Internet. Le "Ice and salt challenge" consiste à appliquer du sel et des glaçons sur la peau conduisant à des brûlures douloureuses, la "Neknomination" vise à se filmer en buvant un verre d'alcool cul sec avant de mettre au défi trois autres personnes et le macabre "Blue whale challenge" pousse les adolescents à relever 50 défis de plus en plus violents - écrire un mot sur sa main, écouter des chansons tristes en pleine nuit, se scarifier - jusqu’au suicide. Au moins 130 jeunes russes y ont déjà laissé leur vie.

    L'exemple tragique du jeu du foulard

    Il y a quelques années,  l’Association de Parents d’Enfants Accidentés par Strangulation, l’APEAS, avait demandé à la Sofres d’interroger, plus de 1000 enfants de 6 à 15 ans. Les résultats étaient accablants : deux enfants sur trois connaissent ces jeux appris sur les bancs de l’école ; Un  sur quatre déclare avoir assisté à une de ces expériences dont le  principe  est simple et médicalement effrayant. On commence par provoquer une respiration profonde et rapide ; par exemple quelques flexions  des jambes  et de grandes inspirations. Puis on bloque la respiration, en  comprimant les  artères ou les veines du cou en utilisant des foulards ou des cordelettes…  Un étranglement volontaire, dans le but de provoquer un évanouissement par manque d’oxygène. Celui-ci se traduit,  au niveau du cerveau, par  des sensations dont certaines sont jugées agréables : des hallucinations visuelles, une impression de planer au-dessus du sol avec le déplacement des objets environnants Mais très vite surviennent les signes que connaissent bien ceux qui un jour se sont évanouis : des bourdonnements, des sifflements d’oreille, des « coups de gong » au niveau des tempes, une vision floue, une lourdeur dans les jambes…précédant la perte de connaissance. Le risque vital devient alors  réel avec  souvent des convulsions, comme dans une crise d’épilepsie. Si la strangulation est immédiatement arrêtée et que les secours spécialisés comme le Samu arrivent vite, l’enfant peut être sauvé en espérant que le cerveau n’ait pas irrémédiablement souffert de ce manque d’oxygène

    De tout temps les adolescents ont aimé expérimenter leurs propres limites, mais on assiste aujourd’hui à un rajeunissement des conduites adolescentes qui arrivent désormais dans les cours des écoles primaires et maternelles… Les décès ont concerné  des garçons et des filles, de 4 à 20 ans, de tout niveau social. Ces « Jeux », comme leurs noms l’indiquent, sont au départ  considérés comme un amusement susceptible de procurer des « sensations fortes »,  surtout pas une sorte de provocation ou d’appel au secours ;  Il s’agit rarement d’une volonté de transgression et exceptionnellement d’un comportement violent ou suicidaire.

    82% en ont entendus parler avant la 6ème ; 10% passent à l’acte, que ce soit sous la pression d’un groupe, d’une lecture ; ce peut être aussi un film, un site web incitatif, ou  une vidéo transmise par un téléphone portable…  Malheureusement parfois seul, le plus souvent le même scénario : après avoir testé le « Jeu » à plusieurs, souvent dans les cours de récréation, l’enfant est tenté de renouveler l’expérience seul,  à l’aide d’un lien quelconque. Le risque mortel est alors beaucoup plus important parce que il n’y a personne pour donner l’alerte. Difficile pour des parents de soupçonner cette pratique ; Si l’enfant s’est   livré à plusieurs expériences avant l’accident, on peut retrouver des marques, des traces brunes, des excoriations  autour du cou ;  C’est la seule prévention possible. Il y a des signes plus généraux qui peuvent malheureusement avoir d’autres origines mais qui sont la conséquence du jeu : des hémorragies des yeux ; Une baisse de l’acuité visuelle, des douleurs, des sifflements et bourdonnements d’oreille ; De violents maux de tête, des vertiges ou malaises inexpliqués. En cas de doute, c’est aux parents d’ouvrir le dialogue, car les médecins n’y pensent pas toujours devant ces signes.   L’APEAS,  qui organise des opérations de sensibilisation, propose un site parfaitement adapté au dialogue car   la prévention passe avant tout par une information adaptée : www.jeudufoulard.com

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    JDF