Drame

Une femme de 32 ans non vaccinée décède de la rougeole : comment éviter d'être contaminé ?

L'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a annoncé ce mardi, le décès d'une femme de 32 ans atteinte de la rougeole. En 2011, dix décès avaient été recensés. Comment prévenir les risques de contamination ?  

  • Par Dr Philippe Montereau avec Anaïs Col
  • sudok1/Epictura
  • 13 Fév 2018
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    Une femme de 32 ans atteinte de la rougeole est décédée au CHU de Poitiers, a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine ce mardi. Hospitalisée le 1er février, elle avait été placée en réanimation le lendemain. La date exacte de son décès n’a pas été communiquée, mais l’ARS précise qu’elle n’était pas vaccinée. L’épidémie qui sévit en Nouvelle-Aquitaine depuis novembre 2017, continue sa progression : 269 cas ont été recensés dans la région, 66 patients ont été hospitalisés et quatre ont été placés en réanimation, dont la jeune femme de 32 ans décédée. 

    Les microbes frappent les groupes

    La rougeole est une maladie infectieuse d’origine virale, éruptive et très contagieuse, liée à un "paramyxovirus". Elle se transmet principalement par voie aérienne, par exemple lorsqu’un malade contagieux tousse, il envoie dans l’air des micro-gouttelettes de salive infectées de virus. Il est possible également de contracter la rougeole après contact avec une surface contaminée par des sécrétions nasales et les expectorations.

    Pour se disséminer, le virus aime donc la promiscuité, les réunions. Quoi de plus favorable qu’un campus d’étudiants ? C’est de celui du campus universitaire qu’est partie l’épidémie Bordelaise. La phase de contagiosité démarre la veille de l’apparition des premiers symptômes et s’étend jusqu’à 5 jours après le début de l’apparition des boutons. Ainsi, une personne contaminée, selon les spécialistes, en contamine 15 à 20 autres.

    Seule protection : la vaccination

    Le seul moyen d’éviter de contracter la rougeole est de se faire vacciner. Très efficace, la vaccination est seulement contre-indiquée chez l’allergique au blanc d’œuf, chez l’immunodéprimé, et pendant la grossesse.

    Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois. Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle.

    En cas d’épidémie, il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec une personne souffrant de la rougeole pour éviter la survenue de la maladie (vaccination de rattrapage).

    Un échec de la politique vaccinale en France

    En 1980, avant que la vaccination ne se généralise, on recensait 600 000 cas de rougeole en France. L’épidémie actuelle de rougeole montre que la France est toujours en situation endémique vis-à-vis de la rougeole et qu'elle n’est pas à l’abri d’une nouvelle épidémie d’ampleur car la carte des infections de 2017 fait apparaître que les diagnostics se répartissent de manière plutôt homogène sur le territoire.

    Le scénario d’une épidémie est d’autant plus crédible que la couverture vaccinale est trop faible. Seuls 79 % des bébés de 2 ans sont vaccinés. Or, avec un virus du niveau de contagiosité du "paramyxovirus" de la rougeole, il faudrait atteindre 95 % de couverture vaccinale afin d’empêcher toute circulation du virus en France.

    Une couverture vaccinale nécessaire en Europe

    La France est loin d'être isolée face à cette résurgence de la rougeole. Nos voisins italiens, belges et allemands ont été confrontés à une hausse brutale des cas. Plus à l'est, la Roumanie doit elle aussi combattre une épidémie très active.

    En Europe, un plan d’élimination de la rougeole a donc été mis en place entre 2005 et 2010. On parle d'élimination quand aucune épidémie – même minime -  n’a lieu pendant un an ou plus. Il repose sur la vaccination, d'où la logique de l'obligation vaccinale en France à partir de 2018.

    La rougeole n’est pas une maladie bénigne

    Lors de l'épidémie de 2011 en France, plus de 15 000 personnes ont été contaminées et 10 décès avaient été recensés. Depuis 2008, plus de 23 000 cas de rougeole ont été déclarés en France et plus de 1000 cas de rougeole ont conduit à des complications et des séquelles.

    La rougeole peut se compliquer, en particulier chez des nourrissons ou chez des personnes fragiles, et conduire à une hospitalisation. C’est tout d’abord une pneumonie en rapport avec une surinfection par une bactérie. Il s’agit d’une infection grave du poumon qui peut conduire le malade en réanimation. C’est ensuite un risque d’infection virale du cerveau ("encéphalite"). Ces complications peuvent entraîner le décès et donner des séquelles pulmonaires et neurologiques à vie.

     

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    JDF