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Fausse teneur en nicotine dans les cigarettes : la détermination de l'industrie du tabac à nous rendre dépendants

Le Comité national contre le tabagisme (CNTC) a déposé une plainte devant le procureur de la République contre quatre cigarettiers qu'il accuse de maquiller les vrais taux de nicotine et de goudron inhalés par les fumeurs, selon Le Monde. Une ruse connue dans l'industrie du tabac qui révèle au grand jour sa détermination à nous rendre dépendants.

  • Par Barbara Azaïs
  • Dmyrto_Z/Epictura
  • 09 Fév 2018
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    Le Comité national contre le tabagisme (CNTC) a déposé une plainte pénale début février devant le procureur de la République contre les quatre cigarettiers British American Tobacco, Philip Morris, Japan Tobacco et Imperial Brand pour "mise en danger délibérée de la personne d’autrui", rapporte ce vendredi Le Monde. En cause : la teneur réelle en goudron serait entre deux et dix fois supérieure à celle indiquée et de cinq fois supérieure pour la nicotine. En somme, les taux officiels de ces substances affichés sont largement inférieurs à la réalité.

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    Les filtres de la majorité des cigarettes sont percés de micro-orifices imperceptibles à l’œil nu, ce qui permet une dilution de la fumée lorsque les taux de goudron, nicotine et monoxyde de carbone sont mesurés avec une machine à fumer réglementaire. Lorsque la cigarette est consommée en revanche, les lèvres et les doigts du fumeur bloquent les micro-perforations, ce qui lui vaut d’inhaler des taux de substances supérieurs à ceux déclarés officiellement. En somme, les niveaux de goudron, de nicotine et de monoxyde de carbone qui pénètrent dans les poumons de certains fumeurs seraient entre deux à dix fois supérieurs à ce qu'ils pensent.

    Une technique connue des cigarettiers

    Ce processus est connu des cigarettiers. Une fois le goût de la cigarette défini, il est possible d’en faire varier la puissance et de réduire la teneur en fumée. Notamment en modifiant le filtre avec des micro-perforations, en ajustant la longueur, la finesse des fibres ou la densité. Le papier qui entoure le tabac et le filtre peut également être ajusté. Chaque marque utilise sa propre technique. 

    Un marché juteux en perte de vitesse

    Chaque jour dans le monde, 11 millions de cigarettes sont vendues, générant ainsi 39 milliards de bénéfices, soit l'équivalent du PIB du Luxembourg. En 2015 en France, 34% des hommes et 28% des femmes fumaient. Si les Russes sont les plus gros consommateurs, les Français ne sont pas en reste : l’Hexagone compte plus de 13 millions de fumeurs et consomme chaque année 55 000 tonnes de tabac. Selon l’OFDT, 55 000 000 000 de cigarettes ont été vendues en France en 2014.

    Mais le marché va mal : globalement, les Français fument moins et se tournent de plus en plus vers la cigarette électronique. L’augmentation du prix des paquets joue un rôle prépondérant dans le désintérêt des Français (+ 1 euros à compter du 1er mars 2018). D’autres en revanche se tournent vers le marché noir : 25% de la vente de cigarettes en France se ferait sur le marché noir selon une étude menée par le cabinet KPMG et relayée par le Figaro. Une économie souterraine entrainant un manque à gagner de 3 milliards d’euros.

    Les campagnes de prévention et les effets délétères du tabagisme (qu’il soit actif ou passif) sont désormais considérés comme un véritable problème de Santé publique : en France, un cancer sur 3 est lié à la consommation de tabac et on récence en moyenne 70 000 décès chaque année à cause du tabagisme. Mais cette prise de conscience collective affecte les bénéfices de l’industrie du tabac qui n’a pas d’autres solutions que de se montrer plus agressive. En rusant avec des micro-perforations dans les filtres par exemple.

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