Mariage diabolique

10 800 canards abattus : pourquoi il faut avoir peur de la grippe aviaire

Plus de 10 000 canards abattus dans le Gers par précaution ? En aucun cas une décision sanitaire anodine, mais plutôt la traduction d'une grande crainte des responsables des maladies infectieuses qui ont gravé dans leur mémoire les horreurs de l'épidémie de grippe espagnole : 20 millions de morts en 1919 ; plus que la grande guerre. Explications...

  • Par le Dr Jean-François Lemoine
  • shotsstudio/Epictura
  • 06 Fév 2018
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    Ce n’est pas la grippe aviaire qui terrorise aujourd’hui les spécialistes des maladies infectieuses, mais plutôt l’imminence d’un mariage diabolique. Celui d’Hercule et de Mercure. Le dieu de la force, c’est le virus de la grippe aviaire, une machine à tuer que la nature confine à l’organisme de quelques volatiles résistants, mais qui parfois, pour des raisons que l’on connaît mal – promiscuité, manipulations inhabituelles – effectue un passage remarqué chez l’homme. Avec des conséquences effroyables : mortalité proche de 100 % et contagiosité maximum. Heureusement, c’est un tueur fragile et casanier. Comme ses frères de l’horreur EBOLA ou MARBURG qui, régulièrement, déciment un village africain pour se rendormir tout aussi brutalement qu’ils étaient arrivés.

    Le dieu du voyage, chez les virus, vous le connaissez bien. C’est celui de la grippe. Volage, il aime l’union libre. C’est pour cela qu’il n’est jamais identique d’une année sur l’autre et que chaque automne, on doit se revacciner. C’est surtout un routard inépuisable dont le tour du monde annuel se traduit par des dizaines de millions de contaminations humaines toujours désagréables, parfois graves et mortelles.

    Le microbe aime les étreintes parfaites. Le résultat est un nouveau virus qui prend les qualités des deux parents. Alors si un jour, la grippe aviaire rencontre la grippe traditionnelle, s’unit puis passe chez l’homme, c’est un tueur voyageur, une arme de destruction massive qui s’apprêtera à déferler sur la planète. 
    Science-fiction ? Hélas non. Ces noces sont, paraît-il, en train de se produire avec comme témoin de mariage… un cochon ! C’est en effet en passant par l’intermédiaire du porc, un organisme proche de celui de l’homme, que le virus apprend à nous coloniser et nous détruire. Son apprentissage terminé, il ne lui reste plus qu’à entreprendre son tour du monde mortel.
    Un scénario que craint l’Organisation mondiale de la santé depuis des années. Les prévisions, s’il se réalise, sont, en cas d’épidémie, de plusieurs centaines de milliers de morts rien que pour notre pays. C’est, rappelons-le, l’OMS qui le dit. Des scientifiques qui ont plutôt la réputation de manier la langue de bois. Leur franchise fait aujourd’hui froid dans le dos. Il faut dire que l’histoire est là pour leur rappeler qu’un des derniers mariages de la grippe avec une Espagnole a fait, en 1919, 20 millions de morts sur notre planète.

    Alors c'est vrai que, même si pour un éleveur, la sentence de mort à l'encontre de tous ses animaux est un drame, il faut que la communauté prenne en charge le désastre financier individuel. Car cet acte participe à la lutte souterraine contre cette épidémie redoutée.

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    JDF