Une spécialité qui va mal

Agnès Buzyn veut revaloriser la psychiatrie

La psychiatrie est en colère. Point de manifestations mais des récriminations précises dont nos autorités mesurent désormais l’urgence. Agnès Buzyn, a présenté, ce matin un plan d’action, avec l’ambition « jupiterrienne » de placer la France au premier rang de la scéne internationale…

  • Par le Dr Jean-François Lemoine
  • agsandrew/Epictura
  • 26 Jan 2018
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    Notre ministre de la santé fait sienne la stratégie de son président qui veut persauder le monde du retour de lnotre pays au premier rang. Et elle ne choisit pas un dossier facile, mais où la France à toujours joué un role essentiel : la psychiatrie. Il ya 50 ans les grands noms de la spécialité étaient Français. Les Denicker, Lacan, ou encore Henri Laborit, l’inventeur des neuroleptiques avaient des réputations internationales, ce qui n’es lpus le cas aujourd’hui de leurs successeurs, épuisés par les coontraintes administratives.

    Les psychiatres en ont marre. Marre de faire un métier difficile ; l’actualité nous le rappelle souvent.  Marre d’être considéré par leur confrère comme des médecins à part, marre d’être aussi mal considéré que ceux qu’ils traitent et que l’on appelle péjorativement les fous …
    Notre ministre va dans leur sens en affiramant que la recherche en santé mentale et en psychiatrie n’était pas en France à  la hauteur de la discipline notament en pédopsychiatrie.

    Annonce suivi d’effets ?  Le monde de la psychiatrie l’espère.

    Un psychiatre  le docteur Olivier Boitard, écrivait il y a quelques année : « Fou comme une armée de psychiatres… Cette expression est désormais désuète non pas que les psychiatres soient moins fous que d’autres mais parce que leur nombre baisse régulièrement et qu’ils ne sauraient constituer une vaste cohorte… » Fin de citation. Au-delà de l’humour que cette profession a toujours su garder, la psychiatrie manque toujours de moyens mais aussi  de bras et de tête ce qui met en péril la qualité de la pratique.

    Une spécialité fondamentale

    Pourtant  le recours au psychiatre, pour une multitude de problèmes qu’eux seuls peuvent tenter de résoudre, devient de plus en plus nécessaire dans un monde qui se déshumanise et où les réseaux prétendrait gérer l’information et l’éducation. Et lorsque l’intention est là,  il  est pratiquement impossible de trouver un rendez-vous avant plusieurs mois, une éternité lorsque l’on souffre…

    Les  psychiatres du comité – toutes composantes de la profession unies pour une fois - crient leur mécontentement devant les autorités de tutelles qui refusent de les entendre et une administration qui leur demande un travail de secrétariat désormais plus important que le temps consacré aux patients. Il est vrai que souvent en psychiatrie les problèmes juridiques ne sont jamais très loin, mais la souffrance devrait passer au premier plan.

    Un exemple : la psychiatrie chez l’enfant

    La ministre insiste sur la pédopsychiatrie… A juste titre car cette discipline est essentielle mais encore plus mal aimée que les autres.

    « Pas question d’envoyer mon fils chez le psychiatre… Il n’est pas fou ! ».

    C’est au nom de cette réplique que les médecins hésitent toujours à confier les problèmes de l’enfance à celui qui pourtant saurait, souvent, soulager les lourdes responsabilités du métier de parents. Et c’est vrai qu’il y en a des raisons de consulter. Un enfant qui ne dort pas, a des troubles du sommeil, mange mal, voire tout simplement parce qu’il est toujours malade. Ensuite, parce qu’il apprend mal à lire, à écrire, qu’il ne travaille pas ou, a contrario, qu’il s’agit d’un surdoué. Egalement parce qu’il est trop émotif ce qui peut se traduire par de l’anxiété, un refus de se séparer de ses parents ou d’aller à l’école, de la timidité, de l’agressivité, des tics ou de la tristesse. Enfin, la vie relationnelle, c’est-à-dire le rapport avec les frères et sœurs ou les traumatismes liés à la drogue, au divorce ou à un drame familial. Vous l’entendez, beaucoup de bonnes raisons de s’entourer d’une aide psychologique. Où consulter ? Vous aurez le choix entre le secteur public et le secteur privé. Toutefois, il est certain que ce secteur souffre d’une image de tarifs élevés qui a confiné pendant longtemps le recours à ces traitements - souvent assez longs - à une clientèle aisée ou très motivée. Le secteur public offre donc l’intérêt de la quasi-gratuité des soins, mais dont toute la profession s’aacorde pour dire qu’il est « à la rue ».  Que va-t-il se passer lorsque votre enfant ou vous-même serez dans ce circuit de soins ? Et bien d’abord une écoute soigneuse de vos problèmes, certainement pas la solution à l’issue de la première consultation mais, plus vraisemblablement, des rencontres régulières et assez fréquentes pour permettre - la plupart du temps sans médicaments - de retrouver le nœud du problème. Car c’est probablement la meilleure façon d’illustrer les désordres psychologiques que de les comparer à un cordage emmêlé où chaque membre de la famille tire un bout sans essayer de saisir d’où vient le nœud. C’est à la fois aussi simple et aussi compliqué que cela, mais si certains nœuds sont délicats à défaire, on sait en marine qu’il en existe fort peu d’indéfaisables.

    Et là encore, il y a toujours la solution de trancher…

    A méditer au ministère…

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    JDF