Erreur médicale

A Marseille, une patiente attaque en justice le chirurgien qui a oublié 5 compresses et 1 gant dans son ventre

L’erreur est humaine, dit-on pour excuser les erreurs. C’est beaucoup moins évident lorsque l’erreur survient dans la préparation ou la réalisation d’une intervention chirurgicale. Un exemple : une malade accuse un médecin d'avoir oublié des compresses et un gant dans son corps, après une intervention réalisée en avril 2017 à Marseille.

  • Par le Dr Axel de Saint-Cricq
  • pressmaster
  • 23 Jan 2018
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    Histoire classique de négligence. Une patiente qui a subi une ablation de son utérus, se plaint après avoir été opérée de douleurs au niveau de son ventre et de difficultés pour uriner. Son chirurgien trouvant ces symptômes habituels (!), dans ce type d’intervention, décide de ne pas essayer de comprendre s’il existe une raison anormale. Aucun examen complémentaire.

    Dans son malheur, cette femme a la chance d’avoir une porte de sortie « naturelle » des éléments « oubliés » par le chirurgien et, quelques jours plus tard, dans des contractions douloureuses, elle expulse cinq compresses et un gant !

    Le chirurgien s’est contenté de présenter ses excuses… Mais sa patiente ne compte pas en rester là, et a confié à la justice le soin de sanctionner cet acte inadmissible… Mais malheureusement pas rare.

    Procédures

    Logiquement, pour les compresses, le chirurgien doit en permanence savoir combien il en a utilisées (il a des assistants pour cela) et surtout combien il en a récupérées. Car il n’y a rien de tel qu’une compresse imbibée de sang pour disparaître dans le champ opératoire. A Marseille, il semble que ce comptage n’ait pas été fait.

    Pour le gant, c’est encore plus incompréhensible : les chirurgiens changent de gants en cours d’intervention, mais à l’extérieur de la plaie… A moins qu’il ne l’ait fait chuter par inadvertance… Encore moins excusable.

    C’est donc suffisamment fréquent pour que des revues de chirurgie très sérieuses publient des articles avec des procédures bien précises.

    Nous en avons retrouvé un qui s’intitule : « Comment ne pas se tromper de site opératoire, de procédure ou de patient ».

    En clair, le site, c’est l’endroit où le chirurgien intervient ; pas la salle, mais la partie de votre corps qu’il est censé réparer.

    Il existe donc une procédure, c’est ainsi que s’appelle le déroulé normal de l’intervention ; c’est-à-dire que si le chirurgien doit retendre le tendon d’un doigt, et qu’à la place il enlève le doigt : c’est ce que l’on appelle une erreur de procédure…

    Se tromper de patient

    Comme le dit cet article : se tromper de patient, vous l’aurez compris, c’est la grosse erreur. On pensait, à tort, que ces problèmes étaient trop énormes pour exister, mais c’est pour cela que les médecins ont décidé d’écrire un document de référence que l’on appelle en médecine un consensus universel adopté par des dizaines de sociétés savantes et organisations médicales.

    On pourrait commencer à être rassurés… Sauf que la lecture de ce consensus l’est un peu moins, car les premiers points de ce document sont d’une effrayante banalité. Du genre : il vaut mieux opérer le bon malade, au bon endroit et avec la bonne technique… C’est gentil de le préciser. Autre précaution : marquer le malade… pour, je cite : « identifier sans ambiguïté le site prévu de l’incision ».

    L’anesthésiste, un personnage-clef

    Il est probable que vous n’allez pas voir le chirurgien qui va vous opérer. Il arrivera dès que vous serez endormi et prêt, ce qui lui permet de faire plusieurs interventions dans la même matinée. C’est pourquoi il faut insister sur un personnage fondamental lors d’une intervention : l’anesthésiste.

    C’est lui qui fait passer tous les feux au vert. Et il est souvent, pendant l’intervention, un témoin objectif de ce qui se passe.

    Un conseil…

    Même si ce n’est pas précisé dans la procédure, si un jour vous devez vous faire opérer, ça ne coûte rien de demander à celui qui vous endort de lui rappeler pourquoi vous êtes là, pourquoi faire, et surtout, où le chirurgien compte planter son bistouri.

    Si les réponses sont les bonnes, vous pouvez vous endormir rassuré.

    De plus en plus d’interventions sont enregistrées

    Elles le sont toutes aux Etats-Unis, et de plus en plus en France. Mais ne vous trompez pas, ce n’est pas pour le malade, pour lui expliquer la procédure et lui fournir un souvenir, mais tout simplement parce que les procès sont de plus en plus nombreux pour leur soutirer de l’argent, pour protéger le chirurgien d’un recours malhonnête de son malade. Et il faut bien reconnaître qu’aux Etats-Unis, des cabinets d’avocats véreux s’en étaient fait une spécialité.

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    JDF