Coma végétatif

Le Conseil d'Etat valide l'arrêt des soins de l'adolescente en coma dépassé. Que vont faire les médecins ?

Une adolescente est dans un coma profond depuis le mois de juin. Les médecins qui la soignent estiment qu'il n'y a plus aucun espoir. Les parents refusent d'autoriser l'arrêt des soins. Le Conseil d'état a statué et valide l'arrêt des soins. Aux médecins maintenant d'appliquer cette décision. 

  • Par Dr Philippe Montereau
  • orson/epictura
  • 05 Jan 2018
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    Ce vendredi, le Conseil d’État a validé l’arrêt des soins d’une adolescente de 14 ans dans un état végétatif depuis juin, mais que les parents refusent de laisser mourir. Cette décision intervient dans les suites de la décision du tribunal administratif de Nancy qui, le 7 décembre, avait validé l’avis des médecins exprimé en procédure collégiale fin juillet.

    Un coma sans espoir

    Inès souffre d’une maladie auto-immune neuromusculaire et est hospitalisée depuis juin au CHRU de Nancy dans les suites d’une crise cardiaque grave qui l’a mené au coma dépassé ou « coma végétatif ».
    Après des soins intensifs, et devant l’absence d’amélioration de son pronostic, les médecins ont jugé son cas sans espoir. Conformément à la loi de 2016 sur la fin de vie, ils ont lancé une procédure visant à l’arrêt des traitements.
    Le père et la mère de l’adolescente, avaient saisi en urgence (« en référé ») la plus haute juridiction administrative pour s’opposer à la décision du tribunal administratif de Nancy. Pour eux, le tribunal demande à ces médecins « de la faire mourir » ... Une interprétation un peu abrupte.

    Appliquer la décision de fin de vie

    Il s’agit pas de provoquer la fin de vie de la jeune fille. En aucun cas il ne s’agit d’euthanasie active puisque celle-ci est interdite dans notre pays. Il existe un protocole très précis, mais c’est difficile pour un médecin de parler d’acte médical, même s’il le faudrait. 
    Donner la mort, c’est l’inverse de la mission d’un médecin. On perçoit le dilemme. Toutefois, il ne faut pas non plus être naïfs… Cela fait des générations que les médecins abrègent – souvent dans une grande solitude – la souffrance des malades pour lesquels il n’y a plus aucun espoir, si ce n’est de prolonger des souffrances inutiles. Le problème est que justement cette décision ne doit pas être prise en solitaire.

    Un protocole de fin de vie

    Il existe dans le cas de ces comas profonds, un protocole de « fin de vie », qui consiste à arrêter l’alimentation et l’hydratation, et de donner des médicaments anesthésiques. C’est vrai que cela peut se traduire par « mourir de soif et de faim », mais ce n'est pas le cas.
    On a deux certitudes. La première, c'est que le cerveau ne fonctionne plus que de façon automatique, sans conscience… La deuxième, c'est que si on avait le moindre doute sur le fait que le malade puisse ressentir la douleur, les médicaments anesthésiques employés conjointement ne laisse aucune place à la souffrance tant morale que physique.

    On utilise aujourd’hui des produits un million de fois plus puissants que la morphine. Cela laisse peu de place à la souffrance. Sauf celle des parents.

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    JDF