Promesse de campagne

Sécurité sociale étudiante : c'est le début de la fin

Reprenant une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, les ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé annoncent la disparition probable du régime étudiant de sécurité sociale, accusé de complexifier l'accès aux soins des étudiants.

  • Par Yvan Pandelé
  • CC BY 3.0 / CNAMTS - GIE SESAM-Vitale
  • 15 Oct 2017
  • A A

    LMDE ou Smerep ? Cette année encore, les couloirs de toutes les facs de France ont résonné de la question rituelle. Sans doute pour la dernière fois. Dans un communiqué commun, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, et Agnès Buzyn, ministre de la Santé, ont annoncé la mort programmée de la sécurité sociale étudiante, qui devrait être rattachée au régime général, sans doute pour la rentrée 2018.

    « La suppression du RSSE (régime de sécurité sociale des étudiants, ndlr) fait partie des pistes étudiées, de nombreux rapports ayant montré qu’il tendait à complexifier l’accès aux soins », précise le document, publié jeudi dernier. La décision de confier le sort des étudiants au régime général avait été annoncée par Emmanuel Macron lors de sa campagne.

    Opposée au projet, l’Unef (deuxième syndicat étudiant, proche du parti socialiste) dénonce la volonté du gouvernement de « mettre à mal un outil essentiel à l’autonomie et à la santé des jeunes ». Du côté de la Fage, désormais premier syndicat étudiant devant l’Unef, on se réjouit au contraire de la disparition d’un système dénoncé depuis longtemps comme corporatiste et inefficace.

    Un concert de critiques

    Depuis sa création en 48, la sécu étudiante repose sur une délégation de gestion. Lorsqu’ils soufflent leurs vingt bougies, les étudiants sont tenus de s’affilier au régime obligatoire via une mutuelle nationale, la LMDE, ou de l’une des onze mutuelles régionales (Smerep, Smeco, etc.). Ces mutuelles étudiantes gèrent le remboursement des soins pour le compte de l’assurance maladie, en échange d’une compensation financière.

    Mais que reproche-t-on à la sécu étudiante ? La liste est longue. En 2013 déjà, la Cour des comptes fustigeait son mode de gestion « singulier et peu encadré » et la « qualité de service insuffisante ». Un violent camouflet, dans le jargon policé de la rue Cambion. Un an plus tôt, un rapport du Sénat étrillait la « complexité abracadabrante » de ce régime qui fait figure d’exception en Europe, où les étudiants sont en général logés à la même enseigne que les salariés.

    Quid des mutuelles régionales ?

    En 2014, l’association de consommateurs UFC-Que-Choisir, en collaboration avec la Fage, premier syndicat étudiant, ont listé les griefs des étudiants à l’encontre de leurs mutuelles. La plupart des plaintes portent sur les problèmes de remboursement (retards, mauvaise gestion) et la difficulté à entrer en contact avec leur organisme, sans oublier la difficulté à obtenir une carte Vitale. Tout cela pour une affiliation transitoire par nature : trois ans en moyenne.

    La LMDE était particulièrement mise en cause. Ayant accumulé des dettes colossales, la principale mutuelle étudiante a été adossée à la Sécu en 2015, avec à la clé une amélioration du service rendu et une diminution des frais de gestion. Si le gouvernement va jusqu’au bout de son projet, c’est toutes les mutuelles étudiantes qui se verront retirer la gestion du régime obligatoire, avec une incertitude sur le sort des mutuelles régionales.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF