Traitement du glioblastome

Le virus Zika pourrait détruire les tumeurs cérébrales

Des chercheurs américains ont montré que le virus Zika pouvait détruire les cellules responsables de la tumeur cérébrale la plus fréquente.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • bashta/epictura
  • 06 Sep 2017
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    Virus redouté, Zika pourrait devenir une arme contre le cancer. Des chercheurs des universités de Washington et de San Diego (Etats-Unis) suggèrent que cet agent infectieux responsable de microcéphalie chez les fœtus pourrait détruire efficacement les tumeurs cérébrales. Ils présentent leurs résultats dans The Journal of Experimental Medicine.

    Le pouvoir destructeur du virus Zika a été découvert l’an dernier lors de l’épidémie au Brésil. Des milliers de femmes enceintes infectées par le virus ont donné naissance à des enfants souffrant de malformations neurologiques graves. Capable de se loger dans le cerveau des fœtus, le virus Zika se multiplie dans les neurones et les cellules souches neuronales, ce qui provoque leur mort et interrompt le développement cérébral.

    Un processus dévastateur qui pourrait s’avérer salvateur chez les patients atteints de glioblastome, la plus fréquente des tumeurs cérébrales et l’un des cancers les plus meurtriers. Dans les deux ans qui suivent le diagnostic, la plupart des patients décèdent.


    Déjouer les résistantes aux traitements

    La résistance aux traitements est l’une des causes de cette importante mortalité. En effet, les médicaments et techniques actuels échouent à détruire un type particulier de cellules, baptisées « cellules souches du glioblastome », responsables du maintien et de la prolifération de la tumeur.

    Mais ces cellules ne semblent pas résister au virus Zika. En laboratoire, l’agent pathogène a réussi à infecter des cellules souches du glioblastome prélevées chez des patients. Un succès retrouvé lors d’essais chez une vingtaine de cobayes de laboratoire.
    Deux semaines après avoir été infectées par Zika, les souris ont présenté des tumeurs plus petites que celles traitées avec un placebo. Les souris contaminées ont également vécu plus longtemps que les animaux témoins.

    D’après l’équipe de recherche, la chimiothérapie et l’infection par le virus Zika ont des actions complémentaires. Le traitement standard élimine la majeure partie de la tumeur, et le virus Zika attaque les cellules restantes qui sont à l’origine du cancer. « Nous pensons que Zika pourra un jour être utilisé en combinaison avec les thérapies actuelles pour éradiquer l’ensemble de la tumeur », indique le Pr Milan Chheda, professeur de neurologie à l’université de Washington.

    Utiliser une version mutée

    Les médecins imaginent que le virus devra être injecté dans la tumeur lors de l’opération d’ablation de la tumeur, car s’il est injecté via la circulation sanguine, le système immunitaire pourrait l’intercepter et l’éliminer.

    Ils reconnaissent que cette option thérapeutique est inquiétante, mais ils assurent que les risques sont faibles chez l’adulte. En effet, Zika s'attaque en priorité aux cellules souches neuronales. Or, elles sont présentes en faible quantité dans le cerveau adulte. En étudiant des tissus cérébraux prélevés chez des adultes atteints d’épilepsie, les chercheurs ont confirmé que le virus ne s’attaquait pas aux cellules non cancéreuses.

    Et à l’instar des vaccins, les scientifiques expliquent qu’il est possible d’inactiver ou atténuer le virus Zika en introduisant des mutations dans son génome. Une version mutée testée en laboratoire et qui apporte des résultats satisfaisants, soulignent les auteurs dans leur étude. 
    « Nous allons continuer à ajouter des mutations pour sensibiliser davantage le virus au système immunitaire et prévenir ainsi la possible propagation de l’infection, précise Michael Diamond, professeur de microbiologie et d’immunologie à l’université de Washington et l’un des co-auteurs de l’étude. Une fois que nous aurons apporté ces modifications, je pense qu’il deviendra impossible pour le virus de vaincre le système immunitaire et causer des maladies. »

    Pour en avoir le cœur net, de nombreux essais cliniques et des années de recherche seront tout de même nécessaires.

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    JDF