Anthropomorphisme

Psycho : les histoires pour enfants sont plus édifiantes avec des personnages humains

D’après une étude canadienne, les enfants sont plus sensibles à la morale d’une histoire lorsque celle-ci implique des personnages humains au lieu d’animaux.

  • Par Yvan Pandelé
  • Happy Tree Friends, DR
  • 21 Aoû 2017
  • A A

    « C’est l’histoire de Petit Raton Laveur, une ratonne égoïste et compétitive qui trouve des baies dans la forêt. Quand elle voit ses amis arriver, elle préfère se cacher derrière un buisson pour tout garder pour elle. Petit Raton Laveur apprendra-t-elle à partager ?... »  

    Tous les parents lisent ce genre d’histoires édifiantes à leurs enfants. Non content de leur faire goûter aux joies du récit et de l’imagination, elles sont aussi l’occasion de leur inculquer, subrepticement et tant qu’il est encore temps, des valeurs comme la gentillesse, la solidarité, le partage…

    Or beaucoup de ces histoires font intervenir des animaux anthropomorphes, en lieu et place d’êtres humains. Sans doute faut-il y voir l’influence de Walt Disney, et avant lui celle d’Ésope. Mais a-t-on raison de s’en remettre à dame Nature pour édifier les petits d’hommes ?

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    C’est la question, un peu inattendue, que se sont posée trois chercheurs de l’Ontario Institute for Studies in Education (Canada), dans un article récemment paru dans Developmental Science. Pour le savoir, rien de tel qu’une histoire édifiante de ratonne "laveuse" égoïste. Et voici donc nos chercheurs qui entreprennent de lire Little Racoon learns how to share à 96 bambins dans leur labo de Toronto.

    Little Racoons learns to share, de Mary Packard

    Little Racoon learns to share, par Mary Packard

    Les enfants, âgés de 4 à 6 ans, étaient répartis en trois groupes. Le premier groupe avait droit à l’histoire originale. Dans le deuxième, en revanche, le livre avait été réécrit pour incorporer des personnages humains, et les illustrations modifiées à l’avenant. Quant au troisième, le groupe contrôle, il dut se contenter d’une sombre histoire de petite graine.

    Bien sûr, encore fallait-il trouver un moyen d’évaluer si la leçon de partage inculquée par Petit Raton Laveur ou son homologue humaine avait bien été apprise. Pour cela, les petits sujets se sont vus distribuer des autocollants avant et après l’étude. Ils pouvaient en faire bénéficier un autre enfant (imaginaire) qui n’avait pas eu la chance d'être sélectionné…

     

    Les enfants sont formidables

    Vous l’aurez deviné, Winnie L’ourson et consorts peuvent aller se rhabiller. Les enfants ayant eu droit à l’histoire avec des personnages humains se sont montrés bien plus généreux que les autres : un autocollant de différence. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est beaucoup, surtout quand la moyenne des dons tourne autour de deux autocollants.

    Pire, les bambins des deux autres groupes, raton laveur et petite graine, se sont montrés moins partageurs après avoir entendu l’histoire ! Que les âmes inquiètes se rassurent : il faut plutôt y voir une marque d’impatience des enfants qu’un effet délétère des récits en question.

    « Ces résultats suggèrent que les enfants n’interprètent pas les personnages anthropomorphes comme leur étant semblables », concluent les auteurs, qui ne conseillent pas pour autant de mettre les livres fantastiques au pilon. La morale de cette histoire, c’est que les enfants se projettent mieux dans un récit lorsqu’il est… réaliste. Et tant pis pour l'imagination.

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    JDF