Sevrage

Tabagisme : subir un scanner de dépistage aide à se sevrer

Les fumeurs qui passent un scanner pulmonaire de dépistage du cancer du poumon ont plus de chance d’arrêter de fumer, même si les résultats sont négatifs.

  • Par Jonathan Herchkovitch
  • jovanjaric/Epictura
  • 31 Jul 2017
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    Prévention, hausse des prix du tabac, déconstruction des stratégies de vente, aides financières au sevrage… Toutes les pistes sont étudiées pour faire baisser le tabagisme, principal facteur de risque du cancer du poumon, qui tue près de 2 millions de personnes chaque année, d’après l’OMS.

    Le dépistage du cancer du poumon serait un outil en plus, d’après une étude de l’université de Liverpool, publiée dans la revue Thorax. Les personnes qui ont passé un scanner pulmonaire pour observer d’éventuelles lésions cancéreuses ou pré-cancéreuses auraient presque deux fois plus de chances d’arrêter de fumer, d’après leurs résultats.

    15 % de succès

    Les chercheurs britanniques ont analysé le succès du sevrage chez plus de 1 500 personnes à risque de cancer, âgés de 50 à 75 ans. Au début du suivi, la moitié avaient passé un scanner. Ensuite, le taux d’arrêt a été évalué à deux semaines, puis à deux ans.

    Parmi les personnes qui n’ont pas été dépistées par imagerie, le taux d’arrêt après deux semaines était de 5 %, et de 10 % à deux ans. Chez les autres, le simple fait de passer un scanner a semblé être efficace : ils étaient 10 % à avoir arrêté au bout de deux semaines, et 15 % après deux ans.

    « Ces résultats vont à l’encontre de la croyance selon laquelle un dépistage négatif donnerait un "permis de fumer", explique le Pr John Field, oncologue à l’université de Liverpool et auteur principal de l’étude. Le dépistage pulmonaire donne une opportunité d’accès à l’aide au sevrage, au moment où les patients sont le plus susceptibles d’être réceptifs ».

    La France ne dépiste pas

    Le dépistage chez les fumeurs à risque pourrait donc être utile à plusieurs titres. Détecter plus tôt les cancers, pour anticiper les traitements et augmenter leurs chances de succès, et donner l’occasion aux médecins de faire de la prévention et de l’incitation au sevrage à un moment propice, et efficace.

    En 2016, interrogée sur l’utilité de ce dépistage en France dans le cadre du Plan cancer 2014-2019, la Haute autorité de santé (HAS) avait considéré que « les conditions de qualité, d’efficacité et de sécurité nécessaires à la réalisation du dépistage du cancer broncho-pulmonaire par tomodensitométrie thoracique à dose de rayons X qualifiée de faible chez des personnes fortement exposées au tabac ou l’ayant été », n’étaient pas réunies.

    Elle avait en particulier justifié cette décision par les difficultés à identifier les populations les plus à risque, et le risque lié à l’irradiation de ces personnes, tout en soulignant l’intérêt des recherches sur la question. Les résultats des chercheurs anglais pourraient faire avancer cette réflexion.

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    JDF