Si petit mais si dangereux…

Moustiques génétiquement modifiés : les premiers résultats ne sont pas concluants

Les insectes, qui ne devaient pas se reproduire, ont engendré des espèces hybrides. On ne sait pas pour l’heure s'ils présentent des risques pour la santé humaine. 

  • Par Mégane Fleury
  • nechaev-kon/istock
  • 29 Sep 2019
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    Les choses ne se passent pas toujours comme prévu, même après plusieurs essais scientifiques. Depuis 2013, une société britannique modifie génétiquement des moustiques pour les rendre stériles et réduire ainsi le nombre d'insectes.

    Publiée dans la revue Nature, une étude de l’université britannique de Yale montre que cela a été un échec. 

    Un double échec 

    À partir de 2013, des dizaines de millions de moustiques Aedes Aegypti ont été relâchés dans la ville de Jacobina, dans l’État de Bahia, dans le nord-est du Brésil. Ces insectes mâles ont été modifiés génétiquement afin de les empêcher d’avoir une descendance. Les essais réalisés montraient qu’ils avaient une faible chance de donner naissance à des insectes viables, et que si cela venait à arriver, ils ne pourraient pas se reproduire. "Cela n’est pas ce qui s’est passé", raconte Jeffrey Powell, l’auteur principal de la recherche. Des moustiques ont réussi à se reproduire et le gène modifié a été transmis. 

    Les autorités brésiliennes ont eu recours à d’autres moustiques modifiés génétiquement mais venant d’une autre souche. Ce deuxième essai a aussi été un échec. Les chercheurs de Yale ont constaté en analysant les moustiques présents à Jacobina, qu’ils renferment les deux mutations génétiques. "Cela pourrait conduire à une population plus robuste", affirme le communiqué de l’université. Pour l'heure, les conséquences sanitaires ne sont pas connues. La population de moustiques ne diminue plus : l’introduction des insectes génétiquement modifiés a d’abord conduit à une baisse de la population totale d’insectes, puis à un rebond 18 mois plus tard.

    Des résultats contestés 

    La société de biotechnologie Oxitec est à l’origine de cette expérimentation. Dans un communiqué de presse, elle exprime son désaccord avec certains aspects de l'étude. "Les auteurs de l’article ont fait des déclarations spéculatives, explique le texte, et ont ignoré un ensemble de preuves prouvant la sécurité et l’efficacité de cette technologie."

    L’entreprise conteste notamment la formule des chercheurs selon laquelle le moustique hybride pourrait être plus robuste que ses congénères. D'autres scientifiques ont émis des réserves au sujet de cette phrase de l'étude. Elle a été depuis révisée par la revue Nature. Le site précise "les lecteurs sont avertis que les conclusions de cette étude sont l'objet de critiques qui sont prises en compte par les éditeurs. Une réponse éditoriale suivra la résolution de ces problèmes." 

    Plusieurs cas autochtones de dengue en France

    Une autre espèce de moustique inquiète les autorités françaises. Aujourd’hui, le moustique tigre est présent dans presque tous les départements. En région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, cinq cas de dengue autochtones ont été récemment détectés. Cela signifie qu’aucune de ces personnes n’a fait de voyage à l’étranger, elles ont été piquées en France.

    Dans la région Rhône-Alpes, une personne a contracté le virus sans déplacement à l’étranger. Pour se protéger des piqûres du moustique tigre, il est recommandé d’utiliser des répulsifs, d’installer des moustiquaires et de porter des vêtements couvrants. Il faut savoir que ce type d’insecte pique généralement pendant la journée. D'après l'Organisation mondiale de la santé, chaque année, environ 500 000 personnes sont hospitalisées à cause d'une dengue sévère. 

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    JDF